"C'est un jour de joie, c'est la meilleure nouvelle de l'année", s'exclame dans La Matinale Thomas Cueni. "C'est un signal clair et net: en fin de compte la science va gagner contre le virus", ajoute le directeur général de la Fédération internationale de l'industrie du médicament.
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Une telle efficacité, "ça surprend, cela dépasse les meilleurs espoirs", souligne Thomas Cueni. "Mais il faut rester prudent à court terme. Il faut conserver la distance sociale, les mesures d'hygiène. Il y a vraiment de l'espoir, parce que le premier vaccin sera peut-être approuvé par la FDA américaine et les autorités européennes avant la fin de l'année."
Des tests toujours en cours
Interrogé sur le manque de données autour des résultats de ce vaccin, qui n'a pas encore fait l'objet de publications revues par des pairs, Thomas Cueni explique que les tests sont toujours en cours. "Toutes les firmes sont engagées pour la transparence, elles s'engagent à transmettre leurs données, aussi bien positives que négatives. Pour le moment, on a les premiers résultats liminaires d'analyse qui indiquent que dans la phase trois, avec 44'000 personnes sous étude, l'efficacité se monte à 90%".
La prochaine échéance se rapproche, puisque "dans deux semaines, on aura dépassé le délai de deux mois après l'injection de la deuxième dose réclamé par la FDA. Jusqu'à maintenant il n'y a pas d'effets secondaires. On a vraiment l'espoir que le vaccin va être sûr". D'autres firmes utilisent la même technologie pour produire des vaccins.
Mais Thomas Cueni insiste: "Il faut rester patients, ça ne veut pas encore dire qu'on dispose de milliards de doses du vaccin dont on aura besoin."
Une conjonction de facteurs
Alors que le développement d'un vaccin paraît fulgurant, le spécialiste explique la rapidité par une conjonction de facteurs: "C'est une collaboration sans précédent. La technologie d'ARN utilisée était déjà connue. Les agences de réglementation ont aussi développé de nouvelles procédures. Le recrutement de 40'000 cobayes s'est fait en quelques semaines alors que cela peut prendre jusqu'à une année pour d'autres vaccins."
Thomas Cueni souligne une forme d'"urgence", mais ajoute que tous les patients inclus dans les études vont être suivis pendant deux ans, que les défis en termes de production, de transport et de stockage sont encore grands.
Pour lui, les premiers destinataires des vaccins devraient être le personnel de santé, puis il faudra protéger les personnes vulnérables et les personnes âgées. "Je suis optimiste. Je suis persuadé qu'on va suivre un régime où on donnera la priorité à ceux qui en ont besoin en premier."
Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Eric Butticaz