"Tout ce qui est une pression, morale, verbale, technique ou physique exercée sur une femme, parce que c'est une femme, par un professionnel de santé, est une violence gynécologique", définit Martin Winckler, médecin militant et auteur de plusieurs ouvrages et romans consacrés notamment à la notion de consentement, invité dans Le Point J.
Les témoignages recueillis par la RTS lors de la publication de cet article concernaient des cas de gestes ou d'actes chirurgicaux non-consentis mais aussi de remarques, survenus dans le cadre d'une grossesse, d'un accouchement, ou de consultations de gynécologie dite "courante".
Tous les gestes techniques quand ils sont inutiles sont des violences gynécologiques.
Pour Martin Winckler, "la maltraitance médicale est essentiellement liée au rapport de force entre les soignants et les soignés". Il explique que tout.e patient.e se trouve dans un état "de déférence, de sidération" lors d'une visite médicale, et que la confiance accordée au professionnel de santé empêche certaines victimes de parler de leur expérience ou même de se rendre compte qu'il s'agit d'une violence.
Il insiste notamment sur le fait que "tous les gestes techniques quand ils sont inutiles sont des violences": une mammographie ou un examen gynécologique effectués sans raison, par exemple.
Martin Winckler estime qu'une meilleure sensibilisation des soignants est nécessaire, mais aussi, plus globalement, un changement de paradigme: "le médecin doit être au service du patient".
Jessica Vial et l'équipe du Point J, avec Garance Aymon et Artiom Missiri
Des termes controversés
Les termes "violences gynécologiques" et "violences obstétricales" sont rejetés par une partie des professionnels de la santé qui lui préfèrent "traumatisme lié à l'accouchement", par exemple, afin de ne pas induire que la maltraitance est forcément volontaire.
Ecouter la prise de position du président du Groupement des gynécologues vaudois dans Forum en 2018:
Ces maltraitances font toutefois leur entrée dans le champ politique. Elles représentent notamment l'un des combats de Rebecca Ruiz (PS/VD). Aujourd'hui conseillère d'Etat, elle a annoncé ce printemps la création d'un dispositif de prise en charge des accouchements traumatiques en collaboration avec le CHUV. Elle avait déjà tenté, sans succès, d'interpeller le Conseil fédéral en 2018.