La Commission européenne a appelé mardi les pays de l'UE à "accélérer" les vaccinations. L'objectif est de protéger 70% des adultes d'ici fin août contre le SARS-CoV-2 et 80% des professionnels de la santé et des plus de 80 ans d'ici mars.
Ce taux de 70% représente le seuil à partir duquel les scientifiques considèrent qu'une population a atteint l'immunité collective.
Le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas, a aussi indiqué que Bruxelles travaillait avec les Etats membres pour mettre en place des certificats de vaccination "interopérables entre les pays et rapidement utilisables au sein de l'UE et au-delà."
Pour lui, "une approche commune de l'UE en matière de certificats (...) ouvrirait également la porte à d'autres utilisations afin d'aider à lever les restrictions".
La Grèce, initiatrice d'un passeport vaccinal
Une allusion à la proposition émise par la Grèce qui prône la mise en place d'un passeport vaccinal pour que les personnes vaccinées puissent voyager.
La Grèce est le pays qui a été le moins touché par la première vague de la pandémie mais, depuis l'ouverture des frontières, l'été dernier, elle semble submergé par l'augmentation des cas. La Grèce est soucieuse de sauver son secteur touristique: il emploie une personne sur cinq et entre pour 20% dans le PIB du pays.
Le soutien de l'aviation civile
Désormais pour voyager, il faut déjà prouver presque partout que son test Covid-19 est négatif. L'aviation civile appuie l'idée d'un passeport vaccinal numérique. Mardi, l'Association internationale du transport aérien (IATA) a plaidé en sa faveur: elle aimerait introduire sa propre application d'ici mars.
Cette solution permettrait de rouvrir les liaisons et de redonner confiance aux passagers: "Compte tenu des restrictions que les gouvernements ont imposées aux voyages, à l'entrée sur leur territoire un peu partout dans le monde et en Europe en particulier, il y aura besoin d'un document ou d'une application numérique – c'est ça que nous développons – pour justifier aux yeux des gouvernements soit qu'on a été vacciné, soit qu'on a été testé. Et donc que l'on n'est pas porteur du virus", rappelle Alexandre de Juniac, directeur de la IATA.
"Avoir un document nous paraît être un élément essentiel pour la réouverture des frontières. Pas uniquement en Europe, mais aussi ailleurs sur la planète. Ce qui est important pour l'Europe, c'est que si on a un système de ce type, il soit le même pour qu'on ne soit pas obligé de naviguer dans la complexité des systèmes administratifs et techniques différents d'un Etat à l'autre", souligne-t-il.
Mardi, Emirates et Etihad, deux grandes compagnies aériennes du Golfe, ont annoncé qu'elles seront les premières à tester le carnet de vaccination numérique de la IATA.
Un passeport pour "relancer la machine"
"Je sais que le sujet divise la population. Néanmoins, moi – qui suis une passionnée du tourisme, qui vient de ce monde-là – oui, je suis favorable à un passeport vaccination. J'y suis favorable surtout pour 'relancer la machine'," affirme Andréanne Kohler, directrice romande de l'Ecole supérieure de tourisme à Lausanne, au micro de La Matinale. Pour elle, le secteur touristique pourra "plus rapidement sortir la tête de l'eau" avec un tel document que sans.
Andréanne Kohler ne perçoit pas cette initiative comme contraignante: "Qu'est-ce que c'est par rapport à toute l'économie touristique qui en dépend?" (>> écouter son interview complète en tête d'article).
Différentes initiatives
Sur le créneau des applications et passeports numériques anti-Covid-19, les propositions se multiplient: d'Apple à Google, en passant par la fondation The Commons Project, soutenue par le Forum de Davos, les initiatives fleurissent un peu partout dans le monde.
Toutes ont le même objectif qui est de faciliter la présentation des documents officiels, mais surtout de les authentifier, alors que les faussaires sont légions sur internet.
Les tests sont téléchargés dans une application; il suffit alors de la présenter au guichet pour passer.
Mais quand on parle de santé, les données numériques sont sensibles. Qui y a accès? Pendant combien de temps? Et pour quelle utilisation? En Suisse, on attend la concrétisation du carnet de vaccination numérique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS): développé par l'entreprise lausannoise Guardtime, il utilisera la technologie de la blockchain pour éviter d'avoir une base de données centralisée.
Pour l'heure, l'OFSP soutient l'application MyViavac afin d'apporter une preuve numérique de sa vaccination.
Stéphanie Jaquet et les agences