"Le cannabis est une plante qui contient plein de cannabinoïdes différents, probablement une centaine. (...) On peut aujourd'hui faire des sélections de plantes avec plus ou moins de THC (tétrahydrocannabinol, qui donne l'effet psychotrope au cannabis, ndlr) ou de CBD (cannabidiol). Ce qu'on trouve dans les shops (en vente libre depuis 2016, ndlr), ce sont des plantes de cannabis avec moins de 1% de THC et des pourcentages de CBD élevés", détaille Barbara Broers, médecin à l'unité de médecine de premier recours des HUG et vice-présidence de la Société suisse pour le cannabis en médecine, interrogée dans Le Point J.
Le cannabis a une multitude d'effets et une possibilité d'indications assez large. Malheureusement, les médicaments ne sont pas faciles d'accès et il manque aussi des preuves solides pour confirmer certaines indications.
Le cannabis à usage récréatif est interdit en Suisse depuis les années 50. Mais depuis une dizaine d'années, les médecins peuvent prescrire des préparations à usage thérapeutique contenant 1% de THC ou plus, moyennant une autorisation exceptionnelle de l'OFSP. Actuellement, environ 3000 cas seraient autorisés et la demande augmente, d'où la décision du Parlement de simplifier les procédures.
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Mais dans quels cas est-ce indiqué de prescrire du cannabis? "Il faut savoir que le THC et le CBD ont des propriétés différentes. Il faut s'adapter à la symptomatologie du patient. Pour quelqu'un qui a une spasticité et des douleurs liées à celle-ci, ou qui a une perte d'appétit, c'est important d'avoir un produit qui a un peu de THC. Le CBD, lui, a plutôt des effets sur les douleurs, si elles sont liées à la maladie de Crohn, à des maladies inflammatoires ou auto-immunes".
Mais tous les patients passent-ils par une prescription médicale? La décision du Parlement court-circuitera-t-elle le marché noir?
Jessica Vial et l'équipe du Point J
Quelle est la place du chanvre en Suisse?
"Jusqu'à la prohibition des années 50, tous les Etats occidentaux avaient dans leurs produits pharmaceutiques des préparations à base de cannabis", explique Simon Anderfuhren, politologue expert des politiques publiques en lien avec le cannabis, interrogé en février par Nouvo. Se soigner avec des cannabinoïdes, ce n'est donc pas nouveau, mais les dispositions légales ont évolué.