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Tentative de dénigrement du vaccin de Pfizer-BioNTech via des personnalités du web

Une petite fiole contenant cinq doses du vaccin développé par Pfizer-BioNTech contre le Covid-19. [Keystone/dpa - Robert Michael]
Des influenceurs sollicités pour dénigrer le vaccin Pfizer BioNTech en France / La Matinale / 1 min. / le 26 mai 2021
En France, des influenceurs assurent avoir été approchés par "Fazze", mystérieuse agence de communication, qui leur a proposé de dénigrer le vaccin Pfizer/BioNTech contre le Covid-19, moyennant rétribution. Une proposition qualifiée mardi de "minable" et "irresponsable" par le ministre de la Santé Olivier Véran.

Des personnes influentes sur internet payées pour promouvoir un produit: la pratique est courante, mais le cas concernant le dénigrement du sérum de Pfizer-BioNTech interroge.

L'agence ayant approché ces personnalités (lire encadré) se dit basée à Londres mais, selon les médias et les recherches des influenceurs, elle n'existe pas dans le registre du commerce britannique, et serait liée à la Russie. Par ailleurs, elle ne cherche pas à promouvoir un produit, mais à jeter le discrédit sur le vaccin Pfizer-BioNTech.

Léo Grasset possède plus d'un million de personnes abonnées à DirtyBiology, sa chaîne YouTube de vulgarisation scientifique (168'000 sur Twitter). Il a été contacté par cette société: "Le client voulait rester anonyme et ne voulait pas qu'on dise que c'était une publicité. Alors qu'il y a une loi qui force évidemment – et puis même c'est moral – à dire que quand on parle de quelque chose, on est payé pour le faire", explique-t-il au micro de La Matinale.

"Tout cela tournait autour d'une campagne 'informationnelle' et ces 'informations' visaient à décrédibiliser le vaccin Pfizer. L'idée était de dire qu'il était trois fois plus mortel que le vaccin AstraZeneca", précise Léo Grasset, tout en racontant que "Fazze" voulait qu'il fasse une vidéo sur sa chaîne pour dire: "Regardez c'est fou: le vaccin Pfizer fait plus de morts, personne n'ose en parler, l'Union européenne a acheté plein de doses, réfléchissez, pensez par vous-même, etc".

Une juste réaction des influenceurs

Léo Grasset a lancé l'alerte sur les réseaux sociaux pour éviter, dit-il, "une perte de confiance dans les vaccins, alors qu'on est à un moment crucial du plan de vaccination".

Pour Juliette Ancelle, avocate spécialiste du numérique, la réaction des influenceurs est parlante: "Ils se rendent compte qu'ils ont une réputation à tenir, et ils sont beaucoup plus conscients aujourd'hui qu'ils ne l'étaient il y a quelques années sur le besoin de transparence sur ces sujets-là. Ils savent que, sinon, ils peuvent vite aussi perdre en crédibilité".

Une campagne "minable, dangereuse et irresponsable"

En France, Olivier Véran, ministre de la Santé, s'est exprimé mardi indiquant que cela était "minable, dangereux et irresponsable". Il a ajouté que les Françaises et les Français "sont largement majoritaires à souhaiter le vaccin aujourd'hui et je ne crois pas que des velléités (...) visant à essayer de faire de la communication négative soient de nature à les détourner de la vaccination".

Son ministère suit l'affaire "de très près, comme toute tentative de désinformation en matière de santé publique", a-t-il fait savoir à RTSinfo par son service de presse.

En Suisse, l'Office fédéral de la santé publique indique ne pas avoir connaissance de tels cas, précisant: "Il faut tenir compte que la situation en Suisse n'est pas la même qu'en France. Le vaccin d'AstraZeneca n'a pas encore obtenu d'autorisation de mise sur le marché par Swissmedic et n'est donc pas utilisé en Suisse".

Sujet radio: Pauline Rappaz

Adaptation web: Stéphanie Jaquet et l'afp

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D'autres témoignages

Certaines personnes connues sur les réseaux sociaux peuvent avoir une très grande influence sur leur auditoire, qui compte parfois plusieurs dizaines ou centaines de milliers de personnes. Leurs réactions permet de conscientiser le public – souvent jeune – qui les suit.

Le compte "Et ça se dit Médecin", tenu par Amine, un interne en médecine à Marseille (possédant 85'500 abonnées et abonnées sur Instagram, 29'300 sur Twitter) a décrit le même scenario que Léo Grasset:

L'humoriste Sami Ouladitto (400'000 abonnées et abonnés sur Youtube, un peu plus de 6000 sur Twitter) raconte un contact similaire: