Est-ce vrai que les jeunes font plus d'effets secondaires?
Blaise Genton: Les jeunes ont des effets secondaires un peu plus intenses parce qu'ils ont un système immunitaire qui fonctionne très bien. La réaction est donc plus importante.
Est-ce vrai aussi que les femmes en ont plus que les hommes?
Effectivement, il y a un peu plus de femmes qui ont des effets secondaires que les hommes. On sait qu'elles ont en général une réaction immunitaire plus importante. Le constat est le même pour le vaccin de la grippe. Cela peut s'expliquer par des facteurs hormonaux.
Quid des gens qui ont eu le Covid-19?
Cette infection naturelle par le passé fait l'effet d'une première dose de vaccin. Donc pour eux, quand on donne la première dose, c'est l'équivalent d'une deuxième dose qui est un petit peu plus réactogène, ce qui fait que le vaccin est un peu plus intense.
Quels sont les effets indésirables les plus courants?
Ce sont ceux que l'on observe dans les vaccinations habituelles, c'est-à-dire une douleur au point d'injection, parfois une rougeur ou un gonflement. On les voit dans 50% à 70% des cas. Il y a aussi les effets secondaires dits généraux, comme une fatigue, des maux de tête. Dans 10% des cas environ, de la fièvre. Ces effets secondaires se déclarent dans les 24 heures après l'administration du vaccin et qui durent 24 à 48 heures.
Les vaccins de Pfizer et Moderna sont basés sur la même technologie. Les effets secondaires sont très similaires
Les effets secondaires sont-ils plus forts après la deuxième dose?
On observe des effets secondaires un peu plus intenses, mais la différence n'est pas très importante.
Quand faut-il s'inquiéter?
Lorsqu'il y a une fièvre qui persiste à 40 degrés, ou des problèmes respiratoires. A ce moment-là, il est conseillé d'appeler son médecin traitant pour voir s'il y a lieu de faire une consultation. Il faut toutefois savoir que les effets secondaires sévères sont rares. Dans un cas sur 100'000 vaccinations, on observe un choc anaphylactique. Il s'agit d'une allergie sévère, mais pour laquelle nous avons un traitement qui marche très bien.
Peut-on prévenir ou soigner ces effets indésirables?
Il n'y a pas de recette miracle. On ne peut déjà pas savoir si l'on va faire des effets secondaires importants ou non. On conseille aux gens de prendre une journée tranquille dans les 24 heures qui suivent la vaccination. Mais on ne donne pas de médicaments avant. Par contre, il est possible d'atténuer les symptômes par du paracétamol. On fait aussi une surveillance juste après la vaccination pour prévenir les chocs anaphylactiques.
Tous les vaccins anti-Covid créent-ils les mêmes effets secondaires?
Les deux vaccins autorisés en Suisse, Pfizer et Moderna, sont basés sur la même technologie. Les effets secondaires sont très similaires. Il y a peut-être une différence: c'est le fameux bras Moderna, dont on parle parfois. C'est une réaction plus importante avec un gonflement du bras, une semaine après la vaccination et qui dure quelques jours. Ce n'est pas dangereux en soi, mais c'est désagréable.
Propos recueillis par Juliane Roncoroni
Adaptation web: Jérémie Favre
Faut-il s'inquiéter de ne pas avoir d'effet secondaire?
Entre deux et trois personnes sur 10 ne développent pas d'effet secondaire lié au vaccin anti-Covid. Dans l'inconscient collectif, les symptômes sont pourtant ceux d'une immunité contre le virus qui se met en place. Ces personnes sont-elles quand même protégées grâce au sérum?
"Des personnes ont eu des symptômes sévères, d'autres ont été asymptomatiques. Tous les êtres humains ont le même principe de défense, mais chaque système immunitaire est un peu différent, aussi dans la réponse au vaccin", explique le vaccinologue Alessandro Diana, dans La Matinale.
Les essais cliniques sur l'efficacité des vaccins ont montré que les anticorps étaient bien là après la vaccination, y compris chez les personnes qui n'avaient reporté aucun effet secondaire.
Ces études ont aussi démontré que le vaccin avait boosté l'immunité cellulaire, cette ligne de défense qui se met en place avant même que les anticorps n'entrent en jeu.
"Sur les millions de doses qui ont été administrées à la population, on voit que dans cette cohorte de personnes qui ont eu le vaccin et qui n'ont pas reporté d'effet indésirable, elles sont tout aussi protégées que celles qui ont eu des effets secondaires", précise Alessandro Diana.
Moins de 100 décès
Selon les données récoltées par Swissmedic, 90 cas graves ont débouché sur le décès de la personne vaccinée dans un laps de temps plus ou moins long.
Ces personnes décédées étaient âgées en moyenne de 83,6 ans et souffraient pour la plupart d'affections pré-existantes graves, rapporte Swissmedic sur son site internet.
Et de préciser que ces décès étaient dus, en dépit de leur concordance temporelle avec la vaccination, à des maladies dont l'apparition n'a rien à voir avec la vaccination.