L'Université de Genève, et plus particulièrement la Fondation Pôle Autisme, étudie un syndrome génétique issu d'une mutation du chromosome 22 pouvant entraîner le développement de maladies psychotiques. Cette microdélétion chromosomique touche une personne sur 4000 environ. Toutefois, seul un tiers d'entre elles seront finalement impactées par un trouble psychique, précise un communiqué de l'UNIGE.
"C'est une information qui est déjà très pertinente, mais qui n'est pas suffisante, c'est-à-dire que nous avons encore une capacité relativement limitée de prévoir quels jeunes vont développer une psychose par la suite", explique le premier auteur de l'étude, Corrado Sandini.
Des symptômes annonciateurs
Les chercheuses et les chercheurs utilisent donc de manière longitudinale un outil d'intelligence artificielle: la méthode d'analyse en réseau. Cet algorithme permet de corréler de nombreuses variables provenant de milieux différents - neurobiologique, psychique, cognitif - sur une vingtaine d'années, détaille le communiqué de l'alma mater genevoise.
Cela doit permettre de déterminer quels symptômes du moment présent sont annonciateurs d'une maladie psychotique dans la future trajectoire développementale d'un enfant.
Interrogé dans l'émission CQFD, Corrado Sandini, chercheur au département de psychiatrie de l'UNIGE, explique l'aspect innovateur de cette recherche: "Nous ne nous limitons pas à regarder les symptômes propres, par exemple de la schizophrénie, comme les hallucinations ou les délires, mais plutôt à regarder toutes les pièces d'un puzzle qui pourraient contribuer à la trajectoire d'un individu."
L'anxiété, facteur-clé
C'est donc une quarantaine de variables qui sont analysées. "Parmi elles, on retrouve notamment les hallucinations, l'humeur générale, le sentiment de culpabilité ou encore la gestion du stress quotidien", précise Corrado Sandini. L'algorithme a ainsi permis de démontrer le rôle très important de l'anxiété dans le développement d'une maladie psychotique.
"On savait aussi depuis plusieurs années que l'anxiété est un mauvais prédicteur d'évolution clinique. Mais ce que l'on a pu voir avec plus de précision, c'est qu'une partie des jeunes qui présentaient de l'anxiété avaient une évolution défavorable, qui les menait à perdre la capacité de gérer le stress dans la vie de tous les jours. Un enfant qui avait cette trajectoire défavorable était plus à risque, par la suite, de développer une maladie psychotique", développe-t-il dans l'émission de la RTS.
Aujourd'hui, l'algorithme permet de donner une information essentiellement en termes de niveau de risque jusqu'à 50%. "Il permet de dire qu'un enfant est plus à risque qu'un autre d'aller vers une trajectoire qui n'est pas la bonne. Cependant, sa fiabilité n'est pas suffisante pour pouvoir poser un diagnostic des années à l'avance. Par contre, c'est aussi un moyen de nous aider à la compréhension des mécanismes impliqués", indique le chercheur de l'UNIGE.
Bastien Confino
Adaptation web: Jérémie Favre