Il faut voir cette empreinte comme un sorte de code-barres qui va permettre d’identifier une personne, indique Enrico Amico, collaborateur scientifique au Laboratoire de traitement d'images médicales de l'EPFL et auteur principal de cette étude publiée en octobre dans la revue Science Advances.
Il ne s’agit pas d’une description de la pensée, mais d'une simplification graphique - appelée connectome - de beaucoup de données acquises par un scanner IRM.
Apparition rapide
L’empreinte est visible après un temps d’exposition dans le scanner très court: 100 secondes. Elle apparaît d’abord dans les parties sensorielles du cerveau.
"Une explication potentielle pourrait être que la zone sensorielle de notre cerveau est la plus primitive", explique Enrico Amico. "Il faut réagir rapidement aux stimuli externes". Et cette réaction, par exemple dans des moments de danger ou de stress, "est unique à chacun d’entre nous", complète le checheur.
Mais l’empreinte se décèle également lorsque s’activent des processus cognitifs plus complexes. Certaines parties du tableau se modifient en fonction de l’activité cérébrale, mais pas les traits caractéristiques de l’individu. Désormais, la question est de savoir à quel point ceux-ci sont durables à long terme. Les garde-t-on
toute la vie durant? C'est une piste de recherche qui doit encore être explorée.
Applications médicales
On peut douter qu’à l’avenir l’empreinte cérébrale de chacun sera "fichée". Un tel scénario relève de la science-fiction, d'abord parce qu'il impliquerait des coûts faramineux. Les scientifiques pensent plutôt que leur découverte sera utile pour mieux comprendre les troubles du cerveau humain, tels que les suites des accidents vasculaires cérébraux, les effets des drogues ou certaines pathologies.
Le but sera de comparer l’empreinte cérébrale d’individus atteints par ces troubles avec ceux qui ne le sont pas. "On va essayer d’utiliser ces méthodes pour aider à faire un diagnostic précoce des maladies neurodégénératives, comme celle d’Alzheimer", illustre Enrico Amico.
Dans ce cas, des résultats préliminaires existent déjà. L’empreinte semble s’effacer, comme si les patients et patientes perdaient leur identité cérébrale.
Antoine Michel