La capacité du corps à réagir face à un virus est très inégale d'une personne à l'autre. Elle dépend de l'âge, du sexe, de facteurs médicaux. Il existe plein de profils différents d'immunité au sein de la population. Avec des degrés et des durées d'immunité différents.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la quantité d'anticorps a surtout été mesurée chez les personnes hospitalisées, qui ont développé des formes graves de la maladie.
On manque donc d'informations concernant la réaction des malades plus légers. "Le peu de données disponibles suggèrent que la stimulation du système immunitaire est beaucoup moins puissante, vigoureuse, et donc les réponses vont se réduire plus rapidement. Chez les jeunes qui font une infection faible, le virus ne persiste pas suffisamment de temps pour continuer à générer une réponse. C'est très difficile de généraliser", explique Giuseppe Pantaleo, chef du service d'immunologie et d'allergie au CHUV, jeudi dans La Matinale.
Durée de protection surestimée
La durée de protection face au virus après une infection naturelle a-t-elle donc été surestimée? Au début, les scientifiques évoquaient une année, voire une année et demie. Aujourd'hui, l'OFSP recommande de se faire vacciner dans les trois mois après être tombé malade.
Et cela pourrait encore changer en fonction de ce qui sera observé ces prochains mois.
Concernant la protection de la vaccination, les choses sont plus claires. On parle généralement d'une immunité qui s'étend d'une année à une année et demie.
"Bonne immunité" avec le vaccin
Alessandro Diana, expert à Infovac, rappelle que les études épidémiologiques démontrent que la vaccination procure une bonne immunité, qui protège contre les complications de la maladie.
"Les personnes qui ont été vaccinées peuvent certes présenter une infection au variant Delta. Mais cela reste uniquement une infection des voies respiratoires hautes. On peut compter sur l'immunité cellulaire qui a été entraînée par le vaccin à neutraliser le virus s'il veut aller un peu plus en profondeur dans notre organisme", indique le vaccinologue et pédiatre à la clinique des Grangettes (GE).
La question de la troisième dose
Le profil des patients est aussi déterminant. La Suisse se prépare à mettre en place une troisième dose pour les personnes âgées. Des études menées récemment en Israël montrent que les taux d'anticorps chutent déjà après quelques mois chez certains patients vaccinés.
Selon la plupart des chercheurs, l'immunité à long terme contre le Covid n'est pas encore d'actualité et le virus devrait continuer à nous accompagner quelque temps. Comme pour la grippe, le système immunitaire devra certainement être restimulé régulièrement. L'immunologue Giuseppe Pantaleo parle à ce propos d’un rappel tous les six mois pour les personnes à risque.
Sophie Iselin/gma