Publié

Pourquoi les cas de Covid explosent-ils malgré le taux de vaccination?

Les cas de Covid augmentent malgré la vaccination.
Bihlmayerfotografie
Depositphotos [Bihlmayerfotografie]
L'augmentation des cas de Covid malgré la vaccination / CQFD / 8 min. / le 11 novembre 2021
Plus de 80% de la population adulte serait aujourd'hui immunisée contre le Covid en Suisse. Comme dans d'autres pays, les cas de contamination repartent pourtant fortement à la hausse après une période d'accalmie. L'épidémiologiste Julien Riou en a expliqué les raisons dans l'émission CQFD.

Selon l'Office fédéral de la santé publique, 75% des adultes sont désormais complètement vaccinés en Suisse. Par ailleurs, quelque 6% des plus de 18 ans ont attrapé la maladie et sont encore immunisés.

Si on additionne ces deux chiffres, environ 81% de la population adulte serait immunisée contre le Covid.

Une réduction de 60 à 70% des transmissions

"Ce chiffre de 81% est assez crédible", souligne l'épidémiologiste de l'Université de Berne Julien Riou jeudi dans l'émission CQFD de la RTS. "Mais quand on parle d'immunité de groupe, c'est de ça que l'on parle ici, il y a plusieurs choses à garder en tête. C'est 81% des adultes, il reste les enfants. Mais il y a aussi le fait que le vaccin n'est pas efficace à 100% en matière de transmission. C'est plutôt de l'ordre de 60, 70% dans la réduction de la transmission."

Le médecin rappelle par ailleurs qu'il y a beaucoup d'hétérogénéité entre les cantons en matière de vaccination. "On voit que certains ont beaucoup plus de couverture vaccinale que d'autres. Cela se voit dans l'explosion actuelle des cas. Et il y a aussi une hétérogénéité à l'intérieur des cantons, avec des poches entières de la population moins vaccinées et dans lesquelles la transmission peut se faire de façon très importante même si, en moyenne, la couverture vaccinale est relativement élevée."

"Il faudrait vacciner pratiquement tout le monde"

Il faudrait donc une couverture vaccinale plus importante encore, en y intégrant aussi les enfants entre 0 et 12 ans, pour que les contaminations deviennent plus rares. "Avec le variant Delta, actif en ce moment, on parle d'une fourchette entre 80 et 90% de couverture de la population totale pour atteindre cette immunité de groupe, avec les limites sur l'hétérogénéité", souligne Julien Riou. "Cela veut dire qu'il faudrait en fait vacciner pratiquement tout le monde pour pouvoir arrêter complètement la transmission."

La forte poussée actuelle des cas, et donc des contaminations, s'explique aussi par l'effet saisonnier avec l'arrivée de l'hiver. Comme beaucoup d'infections respiratoires, le coronavirus revient quand les températures redescendent. Et lorsqu'il fait froid, les gens passent plus de temps dans des endroits plus confinés, à l'intérieur.

Mais attention, insiste l'épidémiologiste: "Cela explique comment ça redémarre. Pourquoi ça redémarre, c'est parce que la couverture vaccinale est insuffisante. Et on voit que dans les pays où la couverture vaccinale est beaucoup plus importante, cela redémarre beaucoup moins. On voit même à l'intérieur de la Suisse que dans les régions où la couverture vaccinale est plus élevée, cela redémarre beaucoup moins aussi".

La bonne nouvelle, tout de même, est qu'avec la vaccination, les conséquences sont moins sévères qu'à la même période l'an dernier.

Des décès qui auraient pu être évités

"On voit qu'il y a une décorrélation entre les cas" d'une année à l'autre, analyse encore Julien Riou. Cet automne, "il y a beaucoup plus de cas, mais il y a proportionnellement moins d'hospitalisations, moins de cas sévères et moins de décès", explique-t-il. "Donc on pourrait se dire que cette vague va faire moins de dégâts. Mais dans l'autre sens, on pourrait retourner la question et se dire: les dégâts qu'il va y avoir - les dizaines, les centaines de morts qu'on va avoir - ce sont des morts qui auraient pu être évités très facilement. C'est encore plus dommage."

Julian Riou rappelle qu'une part importante des gens contaminés, même d'âge assez jeune, peuvent être hospitalisés, se retrouver aux soins intensifs voire mourir. "C'est une grosse différence d'avec la grippe saisonnière" et les victimes sont "principalement les personnes non vaccinées".

Car avec 60 à 70% de réduction des cas de transmission, le vaccin est efficace, insiste l'épidémiologiste. "Et il est aussi très efficace sur la prévention des cas sévères avec des chiffres de 90-95% de prévention des cas sévères ou des décès. Donc les gens qui sont le plus en danger maintenant, ce sont les personnes vulnérables et les personnes non-vaccinées."

Arditë Shabani/Bastien Confino/oang

Publié

Hausse des cas surtout dans les cantons moins vaccinés

La Suisse n'en a pas fini avec la pandémie. Le nombre de cas augmente rapidement, et une 5e vague se profile à un rythme qui s'approche de celui de l'automne dernier. L'augmentation concerne principalement les cantons les moins vaccinés, en Suisse centrale et orientale. Mais c'est le nombre d'hospitalisations qui restera déterminant.

En Suisse centrale et orientale, c’est une véritable explosion des cas qui est constatée, avec 600 infections pour 100’000 habitants, contre 370 en moyenne nationale. Le canton d'Appenzell Rhodes-Extérieures est particulièrement touché, mais heureusement les cas concernent principalement les jeunes, ce qui épargne les hôpitaux.

Certains cantons n'ont pas de parapluie

D'autres cantons au centre et à l'est du pays sont particulièrement touchés, à l'instar de Saint-Gall ou Schwyz. Des cantons qui figurent également parmi les mauvais élèves au niveau national en termes de vaccination.

Peu de vaccinés, beaucoup de contaminés. Pour le virologue membre de la Task-force Didier Trono, la corrélation est évidente, et même "quasi absolue". "C’est un peu comme s’il pleuvait sur toute la Suisse. Certains cantons ont un parapluie, d’autres pas", illustre-t-il. Et donc "certains cantons sont mouillés, et les autres pas".

Soins intensifs épargnés

Pour le moment toutefois, il n'y a pas de surcharge des soins intensifs. Et le facteur déterminant, ça sera la rapidité avec laquelle ceux qui ne sont pas encore protégés sont infectés. En Suisse, cela représente environ un million d'adultes, mais la plupart des personnes vulnérables ont déjà été vaccinées, ce qui constitue une bonne nouvelle.

>> Les explications complètes du 19h30 :

3800 nouveaux cas ces 24 dernières heures. La pandémie de Covid-19 flambe en Suisse.
3800 nouveaux cas ces 24 dernières heures. La pandémie de Covid-19 flambe en Suisse. / 19h30 / 2 min. / le 11 novembre 2021