Un traitement contre le cholestérol pourrait améliorer l'efficacité de l'immunothérapie
À l'heure actuelle, seuls 20% des patients en moyenne sont réceptifs à l'immunothérapie contre le cancer, dont le principe est de masquer les récepteurs-inhibiteurs des cellules cancéreuses afin que le système immunitaire les élimine plus efficacement.
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Les scientifiques cherchent donc par tous les moyens à développer de nouveaux traitements qui puissent être combinés à l'immunothérapie afin de soigner davantage de patients. C'est dans cette optique que l'équipe de Li Tang, directeur du laboratoire de biomatériaux pour l'immuno-ingénierie à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), présente une nouvelle approche basée sur la mécanique.
"Technique de camouflage"
Dans un article publié par la revue Nature Biomedical Engineering, Kewen Lei et Armand Kurum, deux doctorants du laboratoire de Li Tang, remarquent que la paroi des cellules cancéreuses se révèle plus molle que celle de cellules saines, en raison de la présence de cholestérol dans l'enveloppe des cellules.
"Personne ne possède d’explication à ce phénomène. Certains scientifiques supposent que cela favorise la création de métastases, mais aucun test n’a encore pu le prouver", indique Kewen Lei, cité mardi dans un communiqué de l'EPFL.
Une chose est certaine, cette souplesse s’avère un mécanisme de défense pour les cellules cancéreuses. Quand une cellule immunitaire ("lymphocyte T") s'accroche à la cellule cancéreuse afin de la détruire, sa mollesse induit en erreur la première, qui passe son chemin sans pouvoir accomplir sa mission.
"Il s'agit d'une technique de camouflage vraiment rusée. Quand les cellules T attaquent une cellule cancéreuse, elles poussent et tirent sur la membrane. Si cette dernière est molle, il y a moins de résistance et cela devient plus difficile de la briser", ajoute Armand Kurum.
Traitement combiné "très prometteur"
L'équipe de recherche a donc cherché à les rendre plus rigides et plus facilement reconnaissables par les lymphocytes T. Pour cela, elle a testé un médicament d'usage courant contre le cholestérol sur des souris.
"En prodiguant seulement l'immunothérapie, à terme aucun animal ne survit au cancer. Si l'on donne uniquement le remède contre le cholestérol, nous obtenons le même résultat. Cependant, en combinant les deux composants, 50% des souris guérissent du cancer", relève Li Tang.
Un chiffre jugé "très prometteur". La prochaine étape consistera à concilier cette technologie avec d'autres innovations en immunothérapie, conclut l'EPFL.
ats/jop