"Il n'y a aucune raison de douter" du fait que les vaccins actuels protègent les malades contaminés par Omicron contre les formes sévères du Covid-19, a estimé mardi soir Michael Ryan, le responsable des urgences de l'OMS, dans un rare entretien avec l'AFP.
"Nous avons des vaccins très efficaces qui ont démontré leur pouvoir contre tous les variants jusqu'à présent, en termes de sévérité de la maladie et d'hospitalisation, et il n'y aucune raison de penser que cela ne serait pas le cas" avec Omicron, dont la découverte en Afrique du Sud fin novembre suscite un vent de panique, a martelé le docteur Ryan.
Il a toutefois reconnu que les vaccins pourraient se révéler moins efficaces contre Omicron, qui se distingue par un nombre très élevé de mutations. Mais "il est fort improbable" que le variant puisse échapper totalement à la protection conférée par les vaccins (lire encadrés).
Pas plus sévère mais hautement transmissible
Selon l'épidémiologiste sud-africain Salim Abdool Karim, Omicron a été signalé pour la première fois au Botswana avant d'être détecté en Afrique du Sud, qui en a fait l'annonce le 25 novembre: "Il tourne probablement en Afrique du Sud (...) depuis plus longtemps qu'on ne le pensait, depuis début octobre", a avancé début décembre le président du Conseil scientifique qui guide le gouvernement français, Jean-François Delfraissy. Depuis, il a été repéré dans des dizaines de pays.
Michael Ryan a souligne que l'on en est au tout début des études de ce variant: "Le comportement général que nous observons jusqu'à présent ne montre aucune augmentation de la sévérité. De fait, certains endroits en Afrique australe font état de symptômes plus légers", a insisté le médecin, à l'instar de ce qu'avait dit un peu plus tôt Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche.
Il est "quasiment certain" qu'Omicron ne cause pas de cas plus graves que Delta, a déclaré mardi à l'AFP le scientifique américain, ajoutant qu'il faudrait attendre "deux semaines au moins" pour savoir s'il se révèle même moins dangereux. "Il y a quelques signes montrant qu'il se pourrait même qu'il soit encore moins grave", a-t-il ajouté.
Toutefois, Omicron est "clairement hautement transmissible", probablement davantage que Delta, selon le Dr Fauci.
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Accélérer les campagnes de vaccination
L'apparition de ce variant a provoqué une certaine panique, notamment en Europe qui est déjà en proie à une massive cinquième vague de cas de Covid-19 provoqués par le variant Delta.
Plusieurs pays à travers le monde avaient annoncé des fermetures de frontières, notamment pour les Sud-Africains, suscitant la colère de Pretoria, qui dénonce une ostracisation injustifiée.
La Commission européenne a appelé mardi les Vingt-Sept à coordonner leurs restrictions de circulation face à la flambée du Covid-19 et aux inquiétudes suscitées par Omicron, leur demandant une nouvelle fois d'accélérer les campagnes de vaccination.
Le Brésil a quant à lui exclu mardi d'exiger un certificat de vaccination pour les étrangers arrivant sur son sol, après que le président Jair Bolsonaro a comparé cette mesure recommandée par le régulateur sanitaire à une "laisse" pour les animaux.
"Vous ne pouvez pas établir de discriminations entre les personnes vaccinées et non vaccinées pour imposer des restrictions (...) La science sait déjà que les vaccins n'empêchent pas totalement la transmission du virus", a lâché le ministre de la Santé, Marcelo Queiroga, après une réunion interministérielle à la présidence. Il a néanmoins déclaré que les caractéristiques précises d'Omicron étant actuellement inconnues, le Brésil exigerait que les personnes non vaccinées soient "mises en quarantaine pendant cinq jours".
La Norvège a elle aussi annoncé mardi renforcer les mesures sanitaires pour lutter contre une flambée des cas de Covid-19, avec notamment un nombre limité de personnes pour les évènements à domicile, y compris les fêtes de Noël.
afp/sjaq
Selon une étude, le vaccin de Pfizer ne protégerait que partiellement contre Omicron
Le vaccin développé par Pfizer et BioNTech (Pfizer BNT162b2) ne protégerait que partiellement contre le variant Omicron du coronavirus, a déclaré mardi Alex Sigal, professeur à l'Africa Health Research Institute en Afrique du Sud.
Alex Sigal a écrit sur Twitter qu'une "très forte baisse" de la neutralisation du variant Omicron avait été observée par rapport à une souche antérieure du Covid-19.
L'étude menée par un laboratoire de l'Africa Health Research Institute a néanmoins montré que les personnes ayant reçu deux doses du vaccin de Pfizer ou ayant déjà contracté le Covid-19 étaient en grande partie capables de neutraliser le nouveau variant.
Un rappel utile
Cela suggère qu'une dose de rappel du vaccin pourrait aider à combattre l'infection: "Ces résultats sont meilleurs qu'anticipé. Plus vous avez d'anticorps, plus vous avez de chances d'être protégé contre Omicron", a ajouté Alex Sigal.
Le professeur a précisé que le laboratoire n'avait pas étudié les effets des doses de rappel sur le variant étant donné qu'elles ne sont pas encore disponibles en Afrique du Sud.
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Pfizer/BioNTech dit son vaccin toujours efficace "après trois doses"
Le vaccin contre le Covid-19 développé par les entreprises Pfizer et Biontech est "toujours efficace" après "trois doses" contre le variant Omicron du virus, ont déclaré mercredi les laboratoires, qui souhaitent toutefois finaliser un vaccin adapté "d'ici mars".
Selon les études réalisées par les deux entreprises "le vaccin est toujours efficace contre le Covid-19, également contre le variant Omicron, si il a été administré trois fois", mais ce variant n'est "probablement pas suffisamment neutralisé après deux doses".
"Nous allons poursuivre le développement d'un vaccin spécifique au variant Omicron et espérons le rendre disponible d'ici mars au cas où une adaptation serait nécessaire", ont indiqué les laboratoires dans un communiqué. "Une troisième dose fournit un niveau d'anticorps neutralisants contre Omicron similaire à celui observé après deux doses" pour les autres variants, ont-ils ajouté.
"Bien que deux doses du vaccin puissent encore offrir une protection contre la maladie grave causée par la souche Omicron, il est clair, d'après ces données préliminaires, que la protection est améliorée avec une troisième dose de notre vaccin", a résumé Albert Bourla, président et directeur général de Pfizer, cité dans un communiqué.
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Alpha, Delta et Omicron: la compétition des variants
Delta est aujourd'hui quasi hégémonique dans le monde grâce à ses caractéristiques qui lui ont permis de remplacer Alpha.
Dans cette grande compétition entre variants, ceux qui sont apparus ces derniers mois (Mu ou Lambda) n'ont pas réussi à lui ravir la première place. La situation sud-africaine laisse craindre qu'Omicron en soit capable. Mais ça n'est pas sûr, d'autant que Delta est peu présent en Afrique du Sud.
Si les tendances observées dans ce pays se confirment ailleurs, Omicron pourrait devenir majoritaire en Europe "dans les tout prochains mois", a estimé le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Mais ces prévisions mathématiques se basent sur des données très préliminaires, qui peuvent évoluer.
"On ne sait pas encore si la prolifération des cas vient d'une plus grande transmissibilité, comme Delta, ou de l'échappement immunitaire" [la capacité à réinfecter des personnes déjà infectées par le passé ou vaccinées, ndlr.], a souligné l'expert américain Eric Topol dans le journal britannique The Guardian, tout en penchant plutôt pour la seconde hypothèse.
A ce stade, Omicron a été détecté sur tous les continents.
Mieux protéger les enfants
Face au rebond de la pandémie en Europe, l'OMS a par ailleurs appelé à mieux protéger les enfants, actuellement la classe d'âge la plus touchée, tout en gardant la vaccination obligatoire de la population comme une option de "dernier ressort absolu".
Pour éviter de nouvelles fermetures de classe et le retour de l'enseignement à distance, la branche européenne de l'organisation conseille de renforcer les tests dans les écoles et d'envisager la vaccination des enfants scolarisés.
L'autorité sanitaire portugaise a recommandé que les enfants de cinq à onze ans soient vaccinés contre le Covid-19, le Portugal, qui affiche un des taux de vaccination les plus élevés du monde, connaissant une hausse des contaminations.
Les autorités sanitaires espagnoles ont elles aussi autorisé la vaccination des enfants de cinq à onze ans, qui interviendra à partir du 15 décembre, face à une recrudescence des cas en Espagne. Et Cuba a approuvé l'utilisation d'urgence de son vaccin Soberana Plus pour les enfants de plus de deux ans convalescents du Covid-19.
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