L'opération a été menée vendredi et a permis de montrer pour la première fois qu'un cœur d'animal pouvait continuer à fonctionner à l'intérieur d'un humain sans rejet immédiat, a expliqué l'institution dans un communiqué.
René Prêtre, le chef de la chirurgie cardiaque du CHUV, est très content de cette nouvelle: "Cela pourrait résoudre beaucoup de nos problèmes, sauver beaucoup de nos patients", dit-il au micro de l'émission CQFD. "On a quand même beaucoup de personnes qui sont en insuffisance cardiaque terminale, pour lesquels les seuls traitements, c'est le cœur artificiel avec tous ses problèmes et la transplantation, avec la pauvreté de donneurs que nous avons."
L'homme de 57 ans qui a reçu le cœur porcin avait été déclaré inéligible à recevoir une greffe humaine. Il est désormais étroitement suivi par les médecins pour s'assurer que le nouvel organe fonctionne correctement.
"Soit la mort, soit cette greffe"
"C'était soit la mort, soit cette greffe. Je veux vivre. Je sais que c'est assez hasardeux, mais c'était ma dernière option", a déclaré ce résident du Maryland un jour avant son opération, selon l'école de médecine.
"J'ai hâte de pouvoir sortir de mon lit une fois que je serai rétabli", a poursuivi le patient, qui a passé les derniers mois alité et branché à une machine qui le maintenait en vie.
Avancée majeure
L'Agence américaine des médicaments a donné son feu vert à l'opération le soir du réveillon du Nouvel An. "C'est une avancée chirurgicale majeure et qui nous rapproche encore un peu plus d'une solution à la pénurie d'organes", a commenté Bartley Griffith, qui a réalisé la transplantation.
Le porc dont provient le cœur a été génétiquement modifié pour ne plus produire un type de sucre présent normalement sur toutes les cellules des porcs et qui provoque un rejet immédiat de l'organe: "On met des valves de porc régulièrement chez nous, chez nos patients, et ce sont des tissus complètement inertes, dans lesquels on a même enlevé les cellules. Et, là-dessus, il y a même une réaction immunologique, mais qui n'est pas extrêmement forte", commente René Prêtre. "Là, c'est très différent! On a transplanté un organe vivant, un organe qui doit fonctionner, c'est-à-dire se contracter et, là, vous avez besoin de ces cellules. Si vous le mettez simplement comme ça, vous aurez un rejet fulminant et, généralement, ça ne fonctionne pas."
Cette modification génétique a été effectuée par l'entreprise Revivicor qui avait aussi fourni un rein de porc que des chirurgiens avait connecté avec succès aux vaisseaux sanguins d'un patient en état de mort cérébrale à New York en octobre.
Liste d'attente de 110'000 personnes
Près de 110'000 personnes habitant aux Etats-Unis sont actuellement sur liste d'attente pour une greffe d'organe et plus de 6000 personnes qui auraient besoin d'une greffe meurent chaque année dans le pays.
Les xénogreffes – d'un animal à un humain – ne sont pas nouvelles. Les médecins ont tenté des transplantations entre espèces depuis au moins le XVIIe siècle, les premières expériences se concentrant sur les primates.
En 1984, un cœur de babouin avait été transplanté sur un bébé mais la petite, surnommée "Baby Fae", n'avait survécu que vingt jours.
jpr/sjaq avec afp