La proportion de la population âgée de plus de 65 ans a doublé depuis 1950 en Suisse et le ratio des plus de 80 ans a connu une augmentation plus importante encore, a indiqué jeudi Unisanté, le Centre universitaire de médecine générale et santé publique à Lausanne.
Comprendre l'évolution des besoins des personnes âgées est un des objectifs de l'étude de cohorte lausannoise 65+ (Lc65+) créée en 2004. Trois échantillons de la population lausannoise nés avant, pendant et à la fin de la Deuxième Guerre mondiale ont été recrutés à intervalles de cinq ans, pour un total de 4731 personnes.
Chaque volontaire reçoit un questionnaire annuel et participe à un entretien une fois tous les trois ans. Les questionnaires interrogent le parcours de vie depuis l'enfance et intègrent des indications sur le statut socio-économique, l'état de santé et les difficultés fonctionnelles, ainsi que sur l'utilisation des services de santé.
Une nouvelle étude publiée dans l'International Journal of Epidemiology a comparé à âge égal les personnes nées entre 1934 et 1938, 1939 et 1943 ainsi que 1944-1948. Les données confirment certaines intuitions: l'adversité rencontrée durant l'enfance diminue au fil des trois cohortes avec de moins en moins de restrictions alimentaires, de difficultés économiques ou de travail régulier avant l'âge de 16 ans.
Pas en meilleure santé
En revanche, les données balaient l'hypothèse régulièrement avancée selon laquelle les baby-boomers nés après la guerre vieillissent mieux que leurs aînés. À l'âge de la retraite, elles et ils ne sont en réalité pas en meilleure santé en termes de maladies chroniques, de symptômes dépressifs, de perception du vieillissement ou de peur de la maladie.
"Ce que les participants nous disent de leur santé ne change pas beaucoup entre les trois cohortes qu'on a dans l'étude", note Yves Henchoz, responsable du groupe de recherche à Unisanté. "Il y a peut-être différents facteurs qui s'annulent les uns les autres", continue-t-il au micro de La Matinale.
"C'est possible que les baby-boomers soient finalement plus exigeants par rapport à ce qu'on peut attendre de la santé et que, en contrepartie, d'autres facteurs les aient favorisés. On sait qu'ils ont grandi et ont vécu dans une époque un petit peu plus favorable au point de vue économique, par exemple, durant toute leur enfance et leur vie. Peut-être que ça, c'est tamponné par des attentes qui sont un petit peu plus exigeantes de leur part."
Logement protégé au lieu de l'EMS
Pour ce qui est de l'aide et de soins de longue durée, les personnes participantes privilégient l'environnement à domicile. On observe un intérêt croissant pour les logements protégés, structure intermédiaire entre le domicile et l'EMS.
En 2022, le suivi habituel sera complété par une exploration de l'opinion des seniors sur les mesures prises pour endiguer la pandémie de Covid-19. Des réflexions sont en cours pour recruter en 2024 une nouvelle cohorte de participantes et participants, afin d'assurer la continuité de l'étude.
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ats/sjaq