Pour la semaine du 10 au 14 avril, le Point J rediffuse des épisodes du podcast Micro sciences.
Brûlures, coupures, coups de soleil, éraflures... notre peau peut se réparer, mais une cicatrice n'est pas un morceau de corps complètement identique à l'original.
"Le résultat de la cicatrisation, c'est un tissu cicatriciel qui ne va jamais avoir la structure originale de la peau", explique Paris Jafari, pharmacologue et biologiste: "La plaie se cicatrise mais ne se régénère pas comme, par exemple, les amphibiens. Quand ils perdent une partie de leur queue, elle se régénère".
Régénération
Et la régénération, en revanche, c'est la reproduction à l'original. Une faculté que nous possédons selon la chercheuse à l'Université de Lausanne: "J'ai fait un peu de recherches sur une autre partie de la régénération dans le corps humain qui est la régénération des bouts de doigts: quand ils sont coupés, si on ne fait pas une greffe de peau et qu'on les laisse mijoter un petit peu dans le fluide qu'ils sécrètent, les bouts de doigts peuvent se régénérer".
Eh oui. Nos doigts ont cette particularité de pouvoir repousser: "On peut avoir l'ongle, les os, les vaisseaux sanguins, les muscles, tout! C'est incroyable", s'enthousiasme Paris Jafari.
N'importe quel doigt peut repousser à condition que la coupure ne soit pas en dessous de la naissance de l'ongle. Au CHUV, un traitement est appliqué déjà depuis plusieurs années: "On met juste un pansement qui isole le bout de doigt. Le doigt continue à sécréter des éléments... on ne sait pas ce que c'est, mais nous avons un projet pour aller creuser beaucoup plus profondément pour déterminer ce qu'il y a dans ce jus qui fait que l'ongle se régénère. Il ne revient pas à la longueur originale, mais on va avoir un petit doigt qui repousse".
Comprendre le mécanisme qui fait qu'une plaie se régénère plutôt que se cicatrise est un enjeu très important de la recherche. Génétiquement, l'être humain possède le pouvoir de régénération, mais pour une raison inconnue de la science, il a été perdu dans le courant de l'évolution. Les gènes existent pour régénérer notre corps, mais la régénération n'est possible que sur le bout de nos doigts – et l'ongle semble être un facteur-clef – et notre foie.
La clef in utero?
Les scientifiques se tournent aussi vers notre phase in utero pour comprendre ces phénomènes incroyables de régénération.
Lors de notre développement embryonnaire, si une plaie survient, "la peau se régénère comme avant", affirme la spécialiste: "Il n'y a pas de cicatrice. On aimerait réveiller ces mécanismes de cicatrisation sans cicatrice chez les adultes".
Notre peau représente entre 12 et 16% de notre poids corporel. Chaque centimètre carré de peau comprend trois millions de cellules. Une peau qui protège nos organes et sert d'interface entre le monde extérieur et nous. Elle se répare mais ne se reconstruit pas, elle. Et ça, c'est à cause, notamment, de l'hémorragie... Le plus grand organe de notre corps a encore beaucoup de secrets à révéler.
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Sujet radio: Huma Khamis
Version Web: Stéphanie Jaquet