Léger avantage des antidépresseurs sur la psychothérapie en cas de dépression majeure, selon le Swiss Medical Board
En Suisse, près d'une personne sur trois de plus de 15 ans souffrira d'un trouble dépressif majeur au cours de sa vie, rappelle le Swiss Medical Board (SMB) dans un communiqué. Actuellement, les recommandations en matière de traitement se concentrent sur la première phase de la maladie, dite "aiguë". Cette dernière dure généralement de six à douze semaines.
L'impact des antidépresseurs et de la psychothérapie sur un plus long terme est encore méconnu, explique le centre de compétences suisse en matière d'évaluation des technologies de la santé. Afin d'en évaluer plus précisément les bénéfices et les risques, l'association a analysé 33 études existantes.
"Les antidépresseurs et la psychothérapie semblent tous deux avoir une efficacité clinique au-delà du traitement de la phase aiguë, constate alors le SMB. Mais aucune des deux méthodes n'est clairement supérieure à l'autre." Les deux méthodes ont des effets cliniques souhaités, mais variables.
Les antidépresseurs coûtent moins cher
L'une des principales différences se mesure par le prisme économique: la psychothérapie coûte en effet davantage. Le traitement exclusif de tous les patients par des antidépresseurs génériques permettrait ainsi de réaliser "des économies modérées".
En résumé, le conseil d'experts préconise les antidépresseurs pour traiter un trouble dépressif majeur après sa phase aiguë dans tous les cas. Une combinaison d'antidépresseurs et de psychothérapie est, quant à elle, recommandée dans certaines conditions.
Le choix du traitement est influencé par différents facteurs, à l'image de la gravité des symptômes, le coût, la disponibilité de la psychothérapie ou encore l'acceptation et la préférence du patient, précise le SMB. Autre constat du rapport: la sécurité thérapeutique et les différences entre les effets souhaités et indésirables des antidépresseurs et de la psychothérapie restent aujourd'hui inconnues.
ats/iar
Beaucoup de patients "ne répondent pas aux antidépresseurs"
Invité mercredi dans Forum, le psychiatre et psychothérapeute au CHUV Michaël Saraga a précisé que le rapport du SMB a analysé la littérature portant sur la poursuite du traitement de la dépression au-delà des douze premières semaines, la période antérieure étant déjà passablement étudiée.
Le médecin a toutefois nuancé la recommandation du conseil d'experts visant à préconiser dans tous les cas les antidépresseurs pour traiter un trouble dépressif majeur après sa phase aiguë. "La réalité est que la dépression est difficile à traiter. Il y a énormément de patients qui ne répondent pas aux antidépresseurs. Donc on ne peut pas recommander de façon simple une stratégie plutôt qu'une autre", a déclaré Michaël Saraga. "Ce qui coûte le moins cher, c'est un traitement efficace."
Le psychothérapeute plaide ainsi plutôt pour une diversité des stratégies de traitement pour aider les patientes et patients atteints de dépression. Cette maladie mériterait par ailleurs d'être définie de façon moins hétérogène afin de mieux percevoir les différents types de dépression, a estimé Michaël Saraga.