Selon le scénario de l’évolution démographique, l’effectif des personnes de plus de 65 ans est appelé à augmenter de moitié (+52%) d'ici 2040, affirme une étude d'Obsan publiée jeudi. Et l'effectif des personnes de plus de 80 ans devrait quasi doubler (+88%) d'ici là.
Cette croissance importante et rapide de la population âgée met les structures de soins de longue durée au-devant de défis majeurs. Selon l'étude, si la politique de soins reste inchangée, 921 nouveaux établissements médico-sociaux de taille moyenne seront nécessaires d'ici 2040.
Dans les EMS, plus de 54'335 lits de long séjour supplémentaires (+69%) seraient en effet nécessaires d'ici 2040. Cela correspond à la création de 2587 nouveaux lits par an, soit - sur la base d'une taille moyenne actuelle - de 59 lits par EMS.
La crainte d'une pénurie de personnel
La forte augmentation des besoins met aussi en évidence la pénurie de personnel qui s'annonce, écrit l'Obsan. Selon le dernier rapport sur le personnel soignant, les EMS auront besoin de plus de 35'000 infirmières et infirmiers supplémentaires d'ici 2035, tandis que les organisations d'aide et de soins à domicile en nécessiteront plus de 19'000.
La hausse des besoins s'accompagne d'une croissance des coûts. L'Obsan renvoie à une étude de 2017 selon laquelle les dépenses pour les soins aux personnes âgées et les soins de longue durée vont presque doubler d'ici 2045 pour atteindre 3,4% du produit intérieur brut.
Un avenir incertain
L'étude souligne que les besoins évolueraient également en cas de changement de la politique de santé. Actuellement, des mesures visant à limiter le besoin en lits d'EMS sont en discussion dans de nombreux cantons et communes. Cela répondrait également au souhait des personnes âgées qui souhaitent rester le plus longtemps possible dans leur domicile.
En 2020, la pandémie de Covid-19 a causé une hausse du nombre de décès de personnes âgées, en particulier parmi les plus de 80 ans, relèvent encore les auteurs. Si la pandémie devait se poursuivre et toucher durablement la mortalité des personnes âgées, une révision des projections de long terme serait alors nécessaire.
Interrogé vendredi dans La Matinale, le conseiller d'Etat genevois en charge de la santé Mauro Poggia estime que "l'EMS ne doit pas être l'aboutissement d'une vie". "Il y a des alternatives. Plusieurs cantons, dont Genève, ont déjà mis en place des structures ambulatoires, des soins à domicile, ou des appartements protégés", explique-t-il.
Pour Mauro Poggia, il est aussi essentiel de pouvoir diagnostiquer la perte progressive d'autonomie: "Vieillir, c'est possiblement perdre son autonomie. Nous travaillons beaucoup pour faire en sorte que les personnes puissent vieillir en bonne santé. On voit qu'il est possible que ces personnes soient toujours en meilleure santé plus longtemps dans leur vie. Il y a donc moins de prise en charge."
jfe avec ats