Tinh-Hai Collet: "Avec le jeûne, on se concentre moins sur le contenu de l'assiette"
Qui dit été, dit régimes et autres pratiques pour contrôler son alimentation et éventuellement perdre quelques kilos. Le jeûne intermittent ou le 16-8, à savoir limiter ses repas sur une période de 8 heures par jour et jeûner pendant 16 heures, est de plus en plus utilisé.
"Quand on fait un jeûne, on va modifier les nutriments que notre métabolisme va utiliser. Concrètement, on va commencer par utiliser le sucre libre que l'on a dans le sang et plus tard ceux dans le foie. Et si l'on continue à jeûner, on va utiliser les protéines et les graisses stockées dans notre corps", explique Tinh-Hai Collet, médecin adjoint de l'Unité de nutrition aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), vendredi dans La Matinale de la RTS.
Selon la plupart des études, le jeûne intermittent permet de perdre trois à quatre kilos. "Ce n'est pas une perte majeure, mais cela permet indirectement d'améliorer sa santé métabolique: diminuer sa pression artérielle, son taux de cholestérol ou contrôler son diabète", indique-t-il.
Fonction cardiaque améliorée, selon une étude
Une récente étude du Salk Institute for Biological Studies (La Jolla, Californie) sur des souris montre que le jeûne intermittent améliore la fonction des organes et évite potentiellement certaines maladies chroniques.
"Chez l'animal, on observe une amélioration de la fonction cardiaque et un effet sur les maladies neurodégénératives, explique-t-il. Il est plus facile de mener des recherches sur l'animal, notamment les rongeurs qui ont une durée de vie d'une année ou deux. On peut donc les exposer à un jeûne intermittent toute leur vie."
Des "effets secondaires mineurs"
Tinh-Hai Collet souligne toutefois que des "effets secondaires mineurs" ne sont pas exclus à court terme, de malaises aux maux au ventre, en passant par des maux de tête. Le médecin des HUG, qui mène actuellement une étude clinique, souligne qu'il n'y a pas encore d'études sur les effets à long terme du jeûne intermittent. "Passé les premiers effets secondaires, les participants nous disent qu'ils se sentent mieux."
Le médecin des HUG reconnaît un avantage au jeûne: "on va moins se concentrer sur le contenu de l'assiette en comptant les calories des aliments, les points de certains régimes, et davantage sur l'heure du repas."
Propos recueillis par Aleksandra Planinic/vajo