Difficile d'identifier ce que sont que ces symptômes bizarres survenus après un refroidissement. Est-ce ou non le fameux Covid long? Micro sciences s'est penché sur la question, le podcast qui transforme certains mystères du corps humain en réponses scientifiques et parfois énigmatiques.
"Le Covid long décrit des symptômes qui persistent après une infection au SARS-CoV-2, d'habitude plus que trois mois, en excluant d'autres causes, comme des maladies qui peuvent provoquer ces mêmes symptômes", résume Mayssam Nehme, cheffe de clinique dans le service de médecine de premier recours aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Et d'ajouter qu'il est ardu de dépister et de confirmer un Covid-long: "C'est presque la première fois qu'en médecine on apprend en même temps que les patientes et les patients". La collaboration avec d'autres personnes travaillant dans le domaine de la recherche et de la santé est donc essentiel pour identifier ces cas particulier.
Le virus Epstein-Barr, responsable de la mononucléose, peut par exemple lui aussi provoquer des syndromes post-infection, comme une fatigue chronique. Selon la médecin, certaines pathologies partagent des mécanismes similaires. Difficile de faire la différence.
Fatigue chronique et troubles neurocognitifs
La fatigue chronique – l'un des symptômes les plus rapportés après une infection au SARS-CoV-2 – est définie par une persistance pendant six mois, avec un malaise post-effort, qu'il soit physique ou intellectuel, même léger: "Après se rajoute, bien sûr, le sommeil et les troupes cognitifs. Tous ces critères sont basés sur la définition de l'institut de médecine international", précise-t-elle à Micro sciences.
Certaines personnes reportent aussi une incapacité à se concentrer: "Il y a certaines études qui ont montré qu'il y a quand même une modification dans l'activité du cerveau après une infection au SARS-CoV-2. Et encore plus chez les personnes qui ont été atteintes de Covid long". Ces symptômes neurocognitifs se voyaient sur des données d'imagerie cérébrale, à plusieurs mois d'écart.
Et les problèmes liés au Covid long sont nombreux: outre la fatigue et la concentration, les malades peuvent avoir de l'essoufflement, une perte de goût ou de l'odorat, des douleurs articulaires ou musculaires. Un article récent publié dans le Lancet parlait aussi d'un déclenchement de maladies neurophsychiatriques.
>> Lire aussi : Des experts appellent à la création d'un registre des Covid longs
En quête d'un traitement
Des études populationnelles ont été faites par les HUG pour tenter de chiffrer le Covid long: "Aujourd'hui, on sait que 15 à 20% des personnes qui avaient été touchées durant les deux premières vagues garderaient des symptômes chroniques", note Mayssam Nehme.
Pour l'heure, aucun traitement n'a été trouvé contre le Covid long. Un anticorps monoclonal, dont l'effet avait été déjà étudié dans d'autres maladies neurologiques, est en test aux HUG. Mais rien de définitivement efficace n'existe.
>> Les HUG ont mis en ligne RAFAEL, une plateforme interactive d'information et d'échanges sur les séquelles à long terme du Covid-19: www.rafael-postcovid.ch
>> Une page de l'OFSP: Aide en cas d'effets à long terme du Covid-19 et de conséquences psychiques
Sujet radio: Huma Khamis
Article web: Stéphanie Jaquet
Publié
"Syndrome post-Covid"
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rebaptisé le Covid long en "syndrome post-Covid": "Il s'agit de différencier le fait qu'il s'agit de séquelles du virus et non pas du virus qui est activement en train de se répliquer et d'infecter les gens", explique Masyssam Nehme.
L'idée est aussi de passer un autre message: "Ces gens ne sont pas contagieux; il ne sont plus dans cette phase aiguë. Il s'agit de séquelles post-Covid".