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Nouvelles pistes pour réduire l'utilisation d'antibiotiques

T.T.C.: Antibiotiques, un marché souffreteux. [RTS]
Nouvelles pistes pour réduire l’utilisation d’antibiotiques / Le Journal horaire / 22 sec. / le 4 octobre 2022
La prescription d'antibiotiques dans les soins médicaux de base pourrait être surveillée en s'appuyant sur les données des assurances-maladie, selon une étude bâloise. Des chercheurs et chercheuses de Lausanne ont également mis au point un test visant à optimiser les prescriptions d'antibiotiques lors d'infections des voies respiratoires.

Heiner Bucher et son équipe à l'Université de Bâle se sont penchés sur cette problématique dans le cadre du Programme national de recherche "Résistance aux antimicrobiens" (PNR 72), soutenu par le Fonds national suisse (FNS), a indiqué ce dernier mardi dans un communiqué. En analysant les données comptables des assurances-maladie, il est possible de déduire quand, pour quelle raison et dans quel cabinet des patients ont reçu un antibiotique. Avec suffisamment de données, on peut mettre en lumière les habitudes des médecins.

Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont eu accès aux données anonymisées des trois principaux assureurs maladie de Suisse. "Même sans avoir ni les noms ni les adresses, nous sommes parvenus à associer toutes les prescriptions d'antibiotiques aux différents médecins", explique Soheila Aghlmandi, première auteure de l'étude, citée dans le communiqué. "Et si des médecins prescrivent vraiment beaucoup d'antibiotiques, nous pouvions leur transmettre un feedback sans les identifier personnellement", ajoute la chercheuse.

Pas d'amélioration

Pour arriver à ce résultat, les scientifiques ont d'abord dû élaborer des procédures automatisées permettant de rassembler l'ensemble des informations des assureurs concernés malgré les différences de format et de structure des données: un travail énorme au vu des plus de 1,3 million de patients et des plus de 4 millions de consultations concernés.

Dans le cadre de leur projet, ils ont donné un retour trimestriel à plus de 1500 médecins dont l'utilisation d'antibiotiques était plutôt élevée. Toutefois, sur les deux ans qu'a duré l'étude, aucune amélioration des habitudes en matière de prescription n'a été observée, note le FNS.

Indépendamment de cela, les chercheurs affirment avoir démontré qu'il serait possible de répertorier en continu l'utilisation d'antibiotiques dans le traitement primaire, sans que cela occasionne un surcroît de travail pour les médecins de famille. La méthode pourrait évoluer vers un système de surveillance à l'échelle nationale, selon cette étude, en phase de prépublication.

Un test rapide

La seconde étude a été réalisée sous la houlette de Noémie Boillat Blanco dans le cadre d'un autre projet du PNR 72 au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Les chercheurs ont testé une mesure visant à optimiser les prescriptions d'antibiotiques en cas d'infections des voies respiratoires. En s'appuyant uniquement sur les symptômes, les médecins sont rarement en mesure de déterminer s'il s'agit d'une pneumonie bactérienne nécessitant une antibiothérapie ou d'une infection non bactérienne avec une guérison spontanée.

L'équipe lausannoise a mis au point une procédure combinant un ultrason pulmonaire avec un test pour la procalcitonine qui aide à différencier les infections bactériennes et virales. Comme les deux méthodes mènent isolément à un nombre trop important de diagnostics incertains, les scientifiques ont combiné leurs résultats avec un algorithme afin d'en augmenter la précision.

Sur plusieurs mois, trente médecins de famille ont appliqué la nouvelle procédure aux patients présentant les symptômes d'une infection des voies respiratoires. Dans les faits, ils ont prescrit environ un tiers d'antibiotiques en moins que trente autres médecins d'un groupe de comparaison, selon ces résultats publiés dans la Revue médicale suisse.

Qualité de traitement identique

La réduction des prescriptions d'antibiotiques n'a eu aucun effet négatif sur la guérison des patients. "Cela signifie que le test de procalcitonine permet de diminuer significativement les prescriptions d'antibiotiques en conservant la même qualité de traitement", conclut Noémie Boillat Blanco.

La mise en œuvre de cette pratique dépendra en grande partie de la décision des assurances-maladie de rembourser ou non le test. L'équipe a démontré dans une autre étude que la procédure n'occasionnait que peu de frais et était rentable. Le test pourrait donc bientôt être mis en œuvre à large échelle dans toute la Suisse.

ats/aps

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