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Podcast – Les antibiotiques vont-ils nous tuer?

Les antibiotiques sauvent incontestablement des millions de vies, mais sont de moins en moins efficaces. Il faudrait en consommer moins. La vente à l'unité serait-elle la solution? Réponses avec Micro sciences, le podcast qui pointe du doigt un problème de santé publique.

En Suisse, environ 3,3 millions de boîtes d'antibiotiques sont consommées par an. Par comparaison, c'est le même chiffre par personne qu'en Allemagne, mais deux fois moins qu'en France et en Italie. Pneumonies, bronchites, otites, méningites, infections urinaires, septicémies: les antibiotiques ne sont pas bons pour tout problème de santé.

Il convient de les utiliser à bon escient et en bonne quantité. La vente à l'unité pourrait être une bonne idée, afin d'éviter la surconsommation et le gaspillage: "Quand on a une prescription d'antibiotiques par un médecin, on sait qu'on doit prendre tant de comprimés par jour pendant 30 jours. Si l'emballage est plus grand, qu'est-ce qu'on en fait? Parfois on le jette à la poubelle, ce qui est une mauvaise idée, parce que cela peut se retrouver dans l'environnement et poser des problèmes", remarque Jacques Schrenzel, médecin, infectiologue et microbiologiste au Hôpitaux universitaires de Genève, président de la société suisse de microbiologie.

En 1928, le médecin, biologiste et pharmacologue britannique Alexander Fleming (1881-1955) découvre fortuitement le premier antibiotique de l'Histoire, la pénicilline, grâce au désordre de son laboratoire! Il reçut un prix Nobel de Médecine en 1945, conjointement avec Howard Walter Florey et Ernst Boris Chain. [Leemage via AFP - PrismaArchivo]
En 1928, le médecin, biologiste et pharmacologue britannique Alexander Fleming (1881-1955) découvre fortuitement le premier antibiotique de l'Histoire, la pénicilline, grâce au désordre de son laboratoire! Il reçut un prix Nobel de Médecine en 1945, conjointement avec Howard Walter Florey et Ernst Boris Chain. [Leemage via AFP - PrismaArchivo]

Pire, selon lui, la pratique qui voudrait que, lorsqu'on ne va pas bien, on avale les deux ou trois comprimés qui restaient, pensant que cela pouvait nous guérir: "C'est vraiment problématique", affirme-t-il à Micro sciences. En effet, ce geste favorise l'antibiorésistance.

Une arme de choix

Un antibiotique ne sert pas à se débarrasser d'un virus, mais à tuer des bactéries qui causent à l'espèce humaine un vrai problème de santé et qui ne peut pas être éliminé par d'autres moyens. Le spécialiste explique son fonctionnement: "On va utiliser des propriétés qui se trouvent que chez les bactéries, de façon à pouvoir leur taper dessus spécifiquement".

Pour illustrer son propos, Jacques Schrenzel fait une comparaison avec le royaume végétal: "Si on allait taper contre la chlorophylle, qui fait la couleur verte des plantes, ça ne nous affecterait pas directement. Donc on trouve des équivalents chez les bactéries – qui ne sont présents que chez les bactéries – sur lesquels on va taper afin d'avoir le moins d'effets secondaires possible sur notre organisme".

Un antibiotique fonctionne pour une infection bactérienne, mais pas pour toutes: un abcès cutané causé par un staphylocoque doré, par exemple, n'en aura pas besoin. Une incision pour faire couler le pus suffit: "L'organisme est suffisamment solide pour pouvoir se défendre tout seul".

Viser le bonne cible

Les antibiotiques sont une arme de choix, mais peuvent aussi être toxiques pour un organisme humain. Mieux vaut utiliser une substance bien ciblée, qui s'attaquera à une bactérie particulière ou à un fonctionnement bactérien spécifique, plutôt qu'un médicament dit "à large spectre".

Même un antibiotique relativement ciblé exerce une pression de sélection: "Toutes les bactéries de notre organisme, si elles sont un petit peu susceptibles à cet antibiotique, vont mourir. Celles qui survivent auront un avantage et vont se développer. Ainsi, à force d'utiliser des antibiotiques, un phénomène qui fait partie de la vie s'accélère: la diversité des bactéries. Les résistantes vont avoir plus d'espace, de nourriture, vont se multiplier, se transmettre d'une personne à l'autre et, finalement, coloniser une bonne partie de la surface du globe. Et poser le problème de santé publique que l'on connaît aujourd'hui", rappelle le microbiologiste.

>> Lire aussi : Il faut améliorer les antibiotiques et endiguer les résistances

Sujet radio: Huma Khamis
Article web: Stéphanie Jaquet

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