Après le Covid-19, Moderna et BioNtech se livrent bataille sur le terrain du cancer, notamment pour le mélanome. Ce dernier représente le cinquième cancer le plus fréquent en Suisse. Et au niveau mondial, on dénombre environ 300'000 cas par an.
"Pour la première fois dans une maladie qu'on connaît bien qui est le mélanome, l'un de ces vaccins produits par Moderna et Merck montre des bénéfices larges", assure Solange Peters, cheffe du service d'oncologie médicale du CHUV, mardi dans La Matinale de la RTS.
Résultat "très impressionnant"
Selon une étude de mi-parcours, le risque de récidive ou de décès après une opération du mélanome est réduit de 44% avec l'utilisation de ce vaccin, indique Dan Staner, vice-président et responsable Moderna pour l'Europe, les pays du Moyen-Orient et l'Afrique. Il reconnaît qu'il s'agit d'un résultat "très impressionnant".
"L'investissement que nous avons fait depuis dix ans sur la science de l'ARN messager porte ses fruits", indique Dan Staner. Nous avons 48 projets en développement sur les maladies respiratoires, les maladies rares, les maladies cardio-vasculaires et l'immuno-oncologie. (...) Trois produits ont d'ores et déjà atteint la phase de commercialisation. Trois autres sont en phase trois, la dernière phase clinique avant la commercialisation."
Et d'ajouter: "Sur les 18 milliards de dollars de chiffre d'affaires annoncés, plus de 4,5 milliards seront réinvestis dans la recherche afin de faire progresser la science de l'ARN messager."
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Des tests en Suisse
La Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis a donné une autorisation précoce pour utiliser ce traitement, précise Solange Peters. En Suisse, des tests de vaccins sont effectués dans les cinq hôpitaux du pays, ajoute la doctoresse. "Quand est-ce qu'on aura un remboursement en Europe et en Suisse? Il faut encore attendre quelques années, mais pas vingt ans. On parle des années qui viennent probablement", assure encore la cancérologue.
Steve Pascolo, chercheur à l'Hôpital universitaire de Zurich qui a réalisé les premiers essais cliniques en 2003, indique que les essaies cliniques sur le cancer prennent du temps. "Parce qu'il faut démontrer que les personnes traitées survivent trois, cinq ou huit ans. En résumé: plus longtemps qu'avec les traitements actuels."
Selon les maladies, comme le cancer, l'ARN messager pourrait permettre d'avoir une approche "personnalisée" pour le vaccin, selon Dan Staner. "On identifie d'abord les mutations qu'on trouve dans un cancer. On séquence le génome. On fait un vaccin individualisé, haute couture, en prophylactique pour les personnes à risques ou en thérapeutique pour éviter la progression et la récidive", décrit Steve Pascolo.
Sujet radio et propos recueillis par Cynthia Racine, Bastien Confino et Frédéric Mamaïs
Adaptation web: vajo avec ats