Le phénomène hormonal de la ménopause touche toutes les personnes menstruées à un moment de leur vie, avec des symptômes parfois très handicapant pour la vie sociale et professionnelle, notamment à cause de la dépression occasionnée à cette période.
Au même titre que les règles ou les maladies qui touchent particulièrement les femmes comme l'endométriose, la ménopause et ses symptômes ont longtemps été tabous ou considérés comme relevant simplement de la médecine de confort par le corps médical.
>> Lire : Pourquoi le mécanisme des hormones féminines est encore trop peu étudié
Ce n'est que très récemment que la recherche s'est remise en route autour de ce mécanisme menstruel dont on sait que les symptômes affectent 85% des femmes – soit la grande majorité – et affecte par conséquent la société dans son ensemble.
Un cumul de symptômes
La ménopause touche toute personne ayant eu des menstruations au cours de sa vie à partir de 45 à 50 ans environ. Donc des femmes actives dans le monde du travail et dans la vie en général.
>> Lire : Les femmes britanniques veulent briser le tabou de la ménopause
Il est très important de mener des études solides autour des symptômes et de leur traitement dans cette phase de transition. Outre les bouffées de chaleur et les changements d'humeur, la dépression est un problème non négligeable: ses taux peuvent doubler chez les femmes en péri-ménopause ou en ménopause par rapport à celles qui ne sont pas encore passées par ce stade.
En effet, tous ces symptômes peuvent s'accumuler et affecter les femmes à différents degrés, comme connaître un impact sur le sommeil, souffrir de sueurs froides ou de trous de mémoire. D'autres femmes éprouvent des atteintes à leur libido.
Pour une approche plus féministe
Pour les soulager, des traitements hormonaux de substitution ont été mis en place depuis les années 1950. Mais très vite, des études ont associé ces médicaments avec un risque accru de cancer du sein, ce qui a conduit un grand nombre de patientes et de thérapeutes à se détourner de ces solutions, sans avoir de véritable alternative.
Aujourd'hui, la médecine est beaucoup moins alarmiste, mais il est encore difficile de savoir si ce lien entre cancer du sein et prise d'œstrogènes et de progestérones est un lien purement statistique ou s'il existe véritablement un lien de cause à effet.
Les combinaisons de ces deux hormones restent associées à un faible risque de cancer mais seulement après cinq ans de traitement, avec des effets différents suivant l'âge de la patiente au début de la prise de médicament.
Plus il existe de résultats, plus le tableau est nuancé, mais les données manquent encore. Du côté des spécialistes, du plus en plus de voix s'élèvent pour que soit adoptée une approche plus féministe de la médecine, donc qui intègre ces éléments dans les politiques de santé publique.
>> Lire : Deux objets au Parlement pour intégrer le genre dans les politiques de santé
De nouveaux projets
En Suisse romande, plusieurs projets de recherche doivent être lancés prochainement. A Lausanne, par exemple, les équipes de l'Université et d'Unisanté, veulent évaluer "l'impact de la ménopause sur le monde professionnel": une demande de financement est en cours.
La prise de conscience sur l'importance de ce phénomène pour les femmes et, surtout, pour la santé dans son ensemble, en est à ses débuts.
D'autres projets veulent évaluer l'impact de la ménopause sur les maladies cardiovasculaires (lire encadré).
Sujet radio: Sophie Iselin
Article web: Stéphanie Jaquet
L'émission CQFD reviendra ce mardi sur le sujet de la ménopause avec un reportage aux HUG où des ateliers sont proposés aux femmes pour mieux gérer cette phase de transition.
Ménopause et maladies coronariennes
Selon l'American Heart Association, les maladies cardiovasculaires (MCV) sont la principale cause de décès chez les femmes, qui présentent une augmentation notable du risque de cette maladie après la ménopause: elles développent généralement une maladie coronarienne plusieurs années plus tard que les hommes.
Selon le résumé d'une étude, cette observation a conduit à l'hypothèse selon laquelle la transition ménopausique (TM) contribue à l'augmentation du risque de maladie coronarienne: "Au cours des vingt dernières années, des études longitudinales de femmes en période de ménopause ont contribué de manière significative à notre compréhension de la relation entre la ménopause et le risque de maladie coronarienne", explique l'équipe de recherche.
Cette dernière a suivi des femmes pendant cette période et a pu distinguer "le vieillissement chronologique du vieillissement ovarien en ce qui concerne le risque de maladies cardiovasculaires".
Chercheuses et chercheurs ont mis en évidence des schémas distincts de changements au niveau des hormones sexuelles, ainsi que "des altérations défavorables de la composition corporelle, des lipides et des lipoprotéines, ainsi que des mesures pouvant augmenter le risque de MCV" chez les femmes ménopausées.
Les résultats rapportés soulignent l'importance de cette transition ménopausique en tant que période d'accélération du risque de MCV: il est donc important de surveiller la santé des femmes au cours de la quarantaine. Selon les scientifiques, il s'agit d'une période critique "pour la mise en œuvre de stratégies d'intervention précoce visant à réduire le risque de MCV".
sjaq