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Les gènes de l'intestin, une piste comme remède au vieillissement

Des scientifiques du CNRS ont découvert comment allonger l'espérance de vie d'un poisson zèbre en réactivant un gène dans les cellules de l'intestin du poisson. [CC-BY-SA 2.0 - WikiCommons]
Les gènes de lʹintestin comme remède au vieillissement / CQFD / 9 min. / le 8 mai 2023
Des scientifiques ont découvert qu'en retardant le vieillissement de l'intestin chez des poissons, il était possible de retarder le vieillissement de tout l'organisme. Ce travail ouvre des perspectives pour contrer les troubles qui lui sont liés, le cancer ou encore des maladies neurodégénératives.

En ralentissant le vieillissement de l'intestin, il est possible de prolonger la vie de tout l'organisme: c'est ce qu'ont prouvé des scientifiques de l'Université de Nice chez le poisson zèbre. Leur étude a été publiée le 4 mai dans la revue Nature aging.

La clef pour ralentir le vieillissement est à chercher dans les chromosomes des cellules de l'intestin et plus particulièrement leurs extrémités, nommées télomères. Des extrémités qui raccourcissent plus vite que celles des autres cellules de l'organisme et entraînent une sorte d'effet boule de neige sur tous les organes.

Le raccourcissement des télomères

Les scientifiques ont donc agi sur les télomères: "Le vieillissement a beaucoup d'origines et l'une est effectivement leur raccourcissement. Chaque fois que nos cellules se divisent, un petit peu s'enlève", explique Miguel-Godinho Ferreira, directeur de recherche CNRS et directeur de l'étude, au micro de CQFD.

"Au cours de notre vie, on perd ces régions protectives et cela a pour conséquence la mort des cellules. Et les tissus qui se divisent le plus dans notre corps sont ceux qui souffrent le plus: c'est le cas de l'intestin", remarque ce chef de groupe à l'Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement de Nice, à l'Université de Côte d'Azur.

Chaque jour la plupart des cellules de l'intestin disparaissent: "Elles sont renouvelées. Si le processus de division s'arrête dans l'intestin, on possède de moins en moins de cellules et on commence à accumuler de petits soucis qui peuvent devenir de plus grands problèmes au cours de notre vie".

L'intestin, une barrière essentielle

L'intestin vieillit plus rapidement et ne joue finalement plus son rôle de barrière. C'est la porte ouverte aux microbes et tout l'organisme finit par vieillir: "De petits trous apparaissent et laissent pénétrer dans notre corps des choses qui ne devraient pas y entrer".

Le scientifique rappelle que l'organe qui est le plus exposé à l'extérieur est notre peau, mais sa surface est morte: "En revanche, l'intestin est très grand et vivant; il est toujours en contact avec des éléments venant de l'extérieur. Si on laisse cette barrière s'affaiblir, ces choses [comme des microbes, ndlr.] qui ne le devraient pas pénètrent à l'intérieur et peuvent devenir une infection chronique. Et ces inflammations chroniques poussent partout dans le reste de l'organisme, allant même sur le cerveau et les autres organes".

Si le modèle d'étude est ici le poisson-zèbre, c'est parce que ses télomères sont similaires à ceux de l'être humain: "Les nôtres sont considérés comme courts et, au cours de la vie, ils deviennent trop courts et finissent par ne plus supporter la division cellulaire. La même chose se passe chez les poissons-zèbres". A noter que ce type de poisson partage 70% de ses gènes avec l'être humain et que 84% des gènes liés à des maladies humaines ont un équivalent chez le poisson-zèbre, selon le CNRS.

"Les bactéries de l'intestin ont un rôle très positif pour notre santé: c'est le fameux microbiome. Mais au cours de notre vie, certaines bactéries se multiplient plus que d'autres et deviennent pathologiques: c'est cela qu'il faut prévenir, tout comme la destruction de la barrière".

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Une meilleure santé, plus tard dans la vie

Miguel-Godinho Ferreira s'enthousiasme: "Le résultat vraiment incroyable de notre travail, c'est qu'en ralentissant le vieillissement de l'intestin, on a réussi à ralentir le vieillissement du reste du corps. L'intestin est un organe initiateur: si on le maintient, on va maintenir aussi le reste en bonne santé".

L'équipe de recherche a noté que les poissons étudiés vivaient environ 40% plus longtemps: "Mais ce n'est pas la quantité de vie le plus important! Ce n'est pas notre but. Les gens vivent de plus en plus vieux: avec une moyenne de 84 ans, c'est déjà incroyable. Le vrai problème, c'est qu'après la soixantaine, on commence à avoir de plus en plus de maladies. La santé s'en va. C'est ça qu'on veut changer. Dans le cas de nos poissons, ils sont restés en bonne santé plus longtemps".

Avec le vieillissement, les poissons-zèbres deviennent stériles, "mais ceux dont le ralentissement du vieillissement de l'intestin a été ralenti sont redevenus fertiles", souligne le chercheur.

Le vieillissement chez ce poisson est similaire à celui des humains; il expérimente aussi des maladies associées à l'âge, telles que l'arthrose, la cachexie, les maladies neurodégénératives et le cancer.

L'espoir est désormais de pouvoir envisager des applications de cette étude en médecine humaine.

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Interview radio: Silvio Dolzan

Article web: Stéphanie Jaquet

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