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Il y a 40 ans, jour pour jour, le virus du VIH était découvert

Les professeur.e.s (de g. à d.) Luc Montagnier, Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann, qui ont participé à la découverte du VIH, responsable de la maladie du Sida, en avril 1984 à l'Institut Pasteur à Paris. [AFP - Michel Clement]
Il y a 40 ans, des scientifiques de l'Institut Pasteur à Paris découvraient le VIH / CQFD / 24 min. / le 16 mai 2023
Le 20 mai 1983 était publiée la première description du virus responsable de la maladie du sida dans la revue "Science". Depuis, le virus de lʹimmunodéficience acquise (VIH) a tué 40 millions de personnes, dont 650'000 en 2021.

A l'époque, les auteurs de la découverte, Françoise Barré-Sinoussi, Jean-Claude Chermann et Luc Montagnier, adoptent alors un ton prudent: ce virus "pourrait être impliqué dans plusieurs syndromes pathologiques, dont le sida", écrivent-ils. La recherche sur le sida est, à l'époque, tâtonnante. La maladie, nouvelle, recèle beaucoup de mystères.

Luc Montagnier, Jean-Claude Chermann et Francoise Barre-Sinoussi ont participé à la découverte du VIH en 1984. [AFP - Michel Clement]
Luc Montagnier, Jean-Claude Chermann et Francoise Barre-Sinoussi ont participé à la découverte du VIH en 1984. [AFP - Michel Clement]

"Maladie des quatre H"

Les premières alertes ont été lancées aux Etats-Unis deux ans plus tôt. Des maladies rares, la pneumocystose et le sarcome de Kaposi, sont signalées à l'été 1981 chez de jeunes homosexuels américains. Les médecins s'interrogent: pourquoi ces infections "opportunistes" habituellement réservées à des personnes très affaiblies, chez des jeunes homosexuels jusqu'à présent en parfaite santé?

Les experts américains parlent d'une "épidémie chez les homosexuels et les utilisateurs de drogue". La maladie n'a pas encore de nom et s'étend. On observe que la population haïtienne est également touchée. On se met à parler de la "maladie des trois H" pour homosexuels, héroïnomanes et Haïtiens.

Un quatrième "H" vient s'ajouter bientôt: les hémophiles, eux aussi touchés. On parle alors de la "maladie des quatre H".

Le terme "aids" ("acquired immune deficiency syndrome") est utilisé à partir de septembre 1982. En français: "sida" pour syndrome d'immunodéficience acquise.

L'hypothèse d'un rétrovirus

La cause du sida demeure inconnue. Certains se lancent sur la piste d'un "rétrovirus", comme Robert Gallo, grand spécialiste américain de cette famille de virus provoquant des cancers. De l'autre côté de l'Atlantique, à Paris, le laboratoire d'oncologie virale dirigé par Luc Montagnier à l'institut Pasteur se met également au travail.

Au tout début de l'année 1983, l'infectiologue parisien Willy Rozenbaum réalise à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière un prélèvement sur les ganglions d'un malade à un stade précoce du sida. Son prélèvement arrive le 3 janvier sur les paillasses du laboratoire de l'institut Pasteur.

"A la nuit tombée [...] je me mets au travail", raconte Luc Montagnier, disparu en 2022, dans son livre "Des virus et des hommes". Avec Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann, il détecte un nouveau rétrovirus qu'ils baptisent LAV pour Lymphadenopathy Associated Virus.

"Nous avions isolé le virus, nous avions fait la démonstration que c'était un rétrovirus, mais nous n'avions pas encore la certitude qu'il était la cause du sida", raconte Françoise Barré-Sinoussi.

"Personne ne nous croyait"

La publication en mai dans Science de la découverte est accueillie avec scepticisme, en particulier par Robert Gallo. L'équipe de Pasteur devient, elle, de plus en plus persuadée que son LAV est responsable du sida. Luc Montagnier présente des données en ce sens en septembre 1983 à une poignée d'experts dont Robert Gallo. Peu de réactions.

"Pendant une année, nous savions que nous avions le bon virus [...] mais personne ne nous croyait et nos publications étaient refusées", rapporte Luc Montagnier. Coup de tonnerre, au printemps 1984: Robert Gallo soumet une série d'articles pour annoncer sa découverte d'un nouveau rétrovirus, HTLV-3, présenté comme la "cause probable" du sida.

Rapidement, Robert Gallo et Luc Montagnier conviennent qu'HTLV-3 et LAV ne sont probablement qu'un seul et même organisme. La preuve de leur unicité est donnée en janvier 1985. Ce nouveau virus est finalement nommé VIH (virus de l'immunodéficience humaine) en 1986.

France et Etats-Unis se disputent la paternité de la découverte jusqu'en 1987, date d'un accord franco-américain où Robert Gallo et Luc Montagnier sont qualifiés de "codécouvreurs" du virus du sida.

Le véritable épilogue interviendra en 2008, avec l'attribution du prix Nobel de médecine aux seuls Français Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi "pour leur découverte" du VIH.

afp/lan

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"L'épidémie n'est pas sous contrôle"

Interrogé dans le 12h30 de samedi, ’Olivier Schwartz, responsable de l’unité "Virus et immunité" de l’Institut Pasteur à Paris, a relevé que le combat continue contre le VIH.

"Il reste des points à résoudre en ce qui concerne l'infection par le VIH: 1,5 million de personnes se contaminent chaque année et plus de 600'000 décès sont enregistrés. L'épidémie n'est pas sous contrôle même si l'OMS s'est fixé comme  objectif pour les années 2030 zéro nouvelle contamination, un objectif qui paraît difficile à atteindre mais qui est ambitieux au moins".

>> Ecouter l'interview d'Olivier Schwartz :

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Il y a 40 ans, jour pour jour, le virus du VIH était découvert: interview d’Olivier Schwartz / Le 12h30 / 1 min. / le 20 mai 2023