Trouble schizo-affectif: quand la schizophrénie rencontre le trouble bipolaire
Dans le podcast Dingue, Carmen (prénom d’emprunt) raconte comment une secte a joué un rôle de déclencheur d’un épisode de schizophrénie: "mon pasteur m'a dit que j'avais probablement blasphémé contre l'Esprit Saint et que j'irai en enfer, il a dit qu’il savait comment j’allais mourir".
Quelques années plus tard: alors que Carmen est stabilisée, elle rencontre un homme avec lequel elle va vivre un traumatisme. Ces violences ne vont pas déclencher de schizophrénie cette fois, mais un trouble bipolaire.
Sans nier des souffrances, Carmen estime que son trouble a aussi des aspects positifs: "sans vouloir me vanter, j'ai développé une écoute et une empathie au-delà de la norme; ça m'a énormément ouvert à l'autre".
Adrien Zerbini
"Deux dimensions liées, mais qui évoluent de manière indépendante"
Dans l’univers des troubles mentaux, il n’est pas rare qu’une personne ait plusieurs troubles simultanément. Alors, pour quelle raison parle-t-on d’un trouble schizo-affectif plutôt que d’une comorbidité entre la schizophrénie et le trouble bipolaire ?
Le psychiatre Philippe Conus, chef du service de psychiatrie générale au CHUV et professeur à l'Université de Lausanne, explique: "Je vois des patients en clinique qui sont clairement dans la schizophrénie ou dans le trouble bipolaire. Mais il y a aussi un groupe de patients qui ont ces deux dimensions qui sont à la fois liées, mais qui évoluent de manière indépendante. C'est important de conserver ce diagnostic parce qu’il exerce une influence sur le choix médicamenteux qu'on fait : on prescrit à la fois un stabilisateur d'humeur et aussi durablement des neuroleptiques. Enfin, ce diagnostic donne également un point de repère aux patients".