Le soleil brille, la température grimpe, et avec elle, la tentation de lézarder au soleil. Mais ses rayons présentent un risque toujours plus grand de développer un cancer de la peau. Aux Pays-Bas, il s'agit du cancer le plus répandu. En 2022, le pays était le quatrième le plus touché dans le monde, selon le World Cancer Research Fund.
Présidents de stations balnéaires, hôpitaux ou écoles ont donc déboursé quelques milliers d'euros pour installer des distributeurs gratuitement. L'hôpital de Venlo, situé dans le sud du pays, a même recyclé les distributeurs de gel hydroalcoolique en distributeur de crème solaire.
"Inciter les gens à les utiliser"
Sur les rives du Léman, l'initiative hollandaise suscite un certain intérêt chez les amateurs de bronzage.
"On a vu pendant le Covid, avec les distributeurs de gel hydroalcoolique, que c'était quand même important et que cela incitait les gens à les utiliser. Les mettre en libre-service, ça va aider", pense une jeune femme, interrogée au 19h30 de la RTS.
"Ce serait pratique en cas d'oubli, si on se retrouve à la plage sans crème. Ça peut arriver", estime encore une autre femme.
"Pour la santé de la population, c'est très bien. Et pour l’Etat aussi, parce qu'à la fin, on réduit les coûts de la santé", renchérit un quadragénaire.
Beaucoup de mélanomes en Suisse
Effectivement, le besoin de protection contre le cancer de la peau est particulièrement fort en Suisse. Le pays est très touché par les maladies liées au soleil. Au total, 3357 nouveaux cas de mélanomes ont été enregistrés en 2020. Soit 21,6 cas pour 100'000 habitants.
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C'est à peine moins que les Pays-Bas, qui, avec 8310 mélanomes, sont à 27 cas pour 100'000 habitants.
Selon Isabelle Philipona, de la Ligue vaudoise contre le cancer, plusieurs facteurs expliquent cette forte propension au cancer de la peau en Suisse: "Nous sommes un pays où il y a beaucoup de loisirs, que ce soit l’été mais aussi l’hiver. Nous avons les montagnes, le ski, où il y a beaucoup de réverbération avec la neige. On reçoit doublement les ultra-violets", explique-t-elle.
Une fausse garantie
Daniel Hohl, de la Société suisse de dermatologie, met toutefois en garde contre les effets pervers de ce genre d'initiative.
"Distribuer n'est pas la technique que je favorise. Je préférerais si on plantait des arbres ou si l'on construisait des parasols qui sont sur les plages où les gens s’exposent", souligne-t-il.
L’autre risque relevé par le dermatologue serait d'engendrer une fausse confiance dans la protection offerte par les crèmes solaires gratuites. Et de rappeler que l'ombre des arbres est gratuite, elle aussi.
Matthieu Hoffstetter, fme