Un cancer du sein est diagnostiqué chaque année chez 6500 femmes et 50 hommes en Suisse. La maladie tue 1400 femmes chaque année dans le pays. Sa mortalité a toutefois beaucoup diminué et des progrès sont faits chaque année, relève Solange Peters.
Mais ce cancer est, dans le même temps, toujours plus fréquent en raison notamment du vieillissement de la population. Une recrudescence s'observe aussi pour des patientes plutôt jeunes. Ainsi, la vice-présidente de la Ligue suisse contre le cancer souligne qu'il faut être attentif à son propre mode de vie.
"N'oublions pas le tabac, l'alcool, l'exposition aux hormones, la sédentarité et l'obésité, toutes ces choses (…) auxquelles on ne veille pas forcément", déclare la médecin, qui rappelle l'utilité du dépistage.
Toujours un certain tabou
Le mois de sensibilisation Octobre rose existe depuis plus de 20 ans pour communiquer au sujet du cancer du sein.
Si les mentalités vis-à-vis de cette maladie ont évolué, "il reste un certain tabou autour du cancer du sein", note Solange Peters, qui évoque par exemple des discriminations à l'emploi.
Il se traduit également par une certaine anxiété. "On n'aime pas en parler, parce que cela rappelle la fragilité de chacun d'entre nous", soutient-elle. Le but d'Octobre rose est donc de "passer des messages d'information, mais aussi d'inclusion".
Traitements onéreux
Pour celles qui ont vaincu la maladie, le combat n'est pas terminé. En effet, une femme sur cinq risque encore aujourd'hui une rechute, et ce même des années après un premier cancer.
Pour éviter un retour de la tumeur, les patientes doivent prendre des traitements hormonaux préventifs, aux nombreux effets secondaires.
Les espoirs résident donc dans la recherche de nouveaux traitements, avec moins de dommages collatéraux, plus ciblés et plus efficaces. Mais ces médicaments ont un prix élevé. Le 19h30 a recueilli le témoignage d'Alexandra, dont la boîte de pilules mensuelle coûte environ 3000 francs.
Pas toujours remboursés
Autre défi: le remboursement par les assurances maladie n'est pas toujours garanti. "Pour qu'un médicament soit sur le marché, il y a deux étapes importantes: sa validation scientifique et la définition de son prix", indique Solange Peters.
"Pour beaucoup de médicaments, ce processus en deux étapes prend du temps. Dans la zone grise, avant que le médicament soit remboursé sur le marché, nous, oncologues et médecins, devons demander l'accord de l'assurance. Celle-ci a une marge de manœuvre pour l'accepter ou non. Conclusion: certains patients auront accès à ce médicament et certains non", explique-t-elle.
"Pour pousser très loin le raisonnement, selon l'assurance que vous avez choisie, il est possible que vous puissiez survivre grâce à elle ou que vous mourriez sans avoir accès au médicament", ajoute la cancérologue.
Un travail à faire sur le prix du médicament
Le coût total des anti-cancéreux prix en charge par la LAMAL a plus que doublé ces dix dernières années. Les assurances en ont remboursé pour près de 1,4 milliard de francs rien qu'en 2022. Certains traitements sont facturés plus de 80 fois leur coût de fabrication.
Cette hausse des prix est-elle encore justifiable, alors que les primes maladie s'envolent? "Il faut très clairement travailler sur le prix du médicament", lance Solange Peters. "La loi suisse permet très peu de négociation par rapport au prix du médicament, qu'on sait moindre dans d'autres pays", ajoute-t-elle.
Propos recueillis par Fanny Zürcher
Sujet TV: Christophe Ungar
Texte web: Antoine Michel