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Plus de la moitié des médicaments en vitrine de pharmacies sans efficacité prouvée

Près de 60% des médicaments exposés dans les vitrines des pharmacies en Suisse n’ont pas d'efficacité médicalement prouvée. [Keystone - Gaetan Bally]
La majorité des médicaments en vitrine des pharmacies n'ont pas d'efficacité prouvée / La Matinale / 1 min. / le 3 octobre 2023
Près de 60% des médicaments exposés dans les vitrines des pharmacies en Suisse n’ont pas d'efficacité médicalement prouvée. C’est la conclusion d’une étude menée par une équipe de médecins du Centre hospitalier Bienne rendue publique lundi.

Les médecins de la clinique de médecine du Centre hospitalier Bienne ont analysé des photos de vitrines de 68 pharmacies choisies au hasard en Suisse. Il en ressort que sur les 970 médicaments examinés, seuls 418 (ou 43,1%) ont une efficacité prouvée.

Les données des 556 médicaments restants (ou 56,9%) sont trop minces pour pouvoir tirer des conclusions fiables sur leur efficacité.

Conséquences pour les patients

Ces résultats peuvent s'expliquer en partie par le fait que les pharmacies n'ont pas le droit de faire de la publicité pour des médicaments prescrits sur ordonnance tels que les antibiotiques, relève l'étude publiée dans le British Medical Journal Open.

"La plupart sont des médicaments homéopathiques qui n'ont jamais prouvé d'efficacité dans aucune étude. Vous pouvez donc en boire des litres et vous n'allez rien avoir, ni effets primaires, ni effets secondaires probablement", relativise le professeur Daniel Genné, qui a dirigé l'étude, dans La Matinale de la RTS.

Mais pour lui, cette proportion est tout de même problématique. "Ce sont quand même des résultats surprenants, qui pourraient aussi avoir des conséquences pour les patients", s'inquiète-t-il.

Si les médicaments en vitrine ne sont pas dangereux pour la santé, Daniel Genné rappelle qu'ils sont vendus à des personnes présentant des symptômes. "Ça peut être juste de l'angoisse, mais ça peut aussi être des maladies graves pour lesquelles il faudrait donner un traitement efficace", explique-t-il. "Cela pourrait donc retarder un diagnostic".

Etiquette de fiabilité

L'équipe de Daniel Genné regrette la présence d'un tel nombre de médicaments sans efficacité prouvée dans les vitrines. En leur donnant cette visibilité, les pharmacies les recommandent indirectement au public, qui a de plus en plus recours à l'automédication.

Or, certains patients ne sont pas conscients que les médicaments sans ordonnance peuvent interagir avec d’autres médicaments.

Les chercheurs proposent donc d'introduire une étiquette sur tous les médicaments vendus sans ordonnance indiquant leur niveau de preuve, "tout comme les appareils électriques ont été classés de A à F selon leur niveau d'efficacité énergétique". Cela permettrait aux patients et patientes de prendre des décisions éclairées sur les médicaments qu'ils choisissent d'acheter.

L'étude tient toutefois à saluer les "contributions très précieuses aux soins médicaux de base" des pharmacies. Les vitrines contiennent en effet des informations précises sur la santé et des recommandations. Les chercheurs ont par exemple pu observer des conseils de vaccin contre la grippe ou la méningite transmise par les tiques.

Contactée, PharmaSuisse, la société suisse des pharmaciens, souhaite d'abord prendre connaissance dans le détail de l'étude avant de s'exprimer.

Sujet radio: Mohamed Musadak

Adaptation web: Emilie Délétroz

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