Un traitement préventif contre la bronchiolite se fait encore attendre en Suisse
Nommé Beyfortus, le traitement vient d’être validé par Swissmedic, qui a attendu d’avoir plus de données sur les essais cliniques. Maintenant, il faut encore un accord entre les assurances et l’OFSP pour qu’il soit disponible en Suisse. Il ne s'agit pas d'un vaccin - même s’il se fait sous forme d’injection - mais d'un traitement préventif, basé sur des anticorps.
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Pour Arnaud L'Huillier, responsable de l’Unité des maladies infectieuses pédiatriques aux HUG, le Beyfortus pourrait vraiment faire la différence. Selon la couverture, il pourrait réduire d’environ 80% les consultations et les hospitalisations.
Reste à savoir s'il sera proposé à tous les nouveaux-nés ou uniquement à ceux à risque. "Ça va dépendre des critères de remboursement", estime le pédiatre. "Et ça va dépendre aussi à quel point la population accepte d'utiliser ce médicament chez leurs enfants", ajoute-t-il.
Augmentation des cas
Depuis deux hivers déjà, les hôpitaux observent une nette augmentation des cas de bronchiolite et parlent de véritable épidémie. C’est surtout un virus, le RSV, qui provoque l’infection. Et cette maladie, qui affecte surtout les enfants de moins de deux ans, n'est pas anodine.
Elle touche les petites bronches, la respiration, et mène trop souvent aux urgences, parce que le bébé manque d’oxygène. Cela représente un grand stress pour l'enfant comme pour les parents, explique Jean-Paul, dont le bébé de neuf mois a dû être hospitalisé.
Pour lui, un traitement préventif serait "vraiment rassurant". "Ça soulagerait le personnel hospitalier et toute la prise en charge", ajoute-t-il.
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Risques de séquelles
Parfois, la bronchiolite peut laisser des séquelles, même longtemps après, comme en témoigne Joëlle. Sa fille a cinq ans aujourd’hui et a toujours une fragilité respiratoire. Elle avait quatre mois quand elle a eu la maladie.
"Elle avait une mauvaise respiration. Ça faisait comme des vagues sur son ventre quand elle respirait. Les côtes étaient creusées, elle avait de la fièvre. Donc à cet âge-là, on est tout de suite parti aux urgences et on a fait trois jours d'hospitalisation", témoigne-t-elle.
Sa fille s’est remise, mais un mois après, elle était à nouveau hospitalisée. "Suite à un petit virus - une bête toux - c'est parti directement sur ses bronches", raconte Joëlle.
Les suites de la maladie peuvent donc être lourdes. Aude Combelles, pédiatre à Fribourg, le constate aussi dans ses consultations. "On voit que les deux années qui suivent les bronchiolites, on a plus souvent des bronchites obstructives du petit enfant sur des viroses", explique-t-elle, précisant que les viroses sont "des infections virales banales qui font des rhumes ou des toux".
"Cela veut dire qu'il y a un stress, une constriction des bronches, comme de l'asthme, du petit enfant sur un virus", poursuit-elle.
Si tout va bien, l’injection contre la bronchiolite pourrait être disponible en automne. Elle arriverait alors à temps pour une campagne avant l’hiver prochain.
Sujet radio: Alexandra Richard
Adaptation web: edel