Donner naissance à un bébé peut parfois se transformer en un événement particulièrement choquant pour la mère. Selon plusieurs études, le traumatisme périnatal touche une femme sur trois environ. Un événement plus fréquent que la dépression post-partum, comme l'indique le Département femme-mère-enfant du CHUV à Lausanne.
>> Le témoignage de Carine Pittet:
Il a fallu recréer le lien avec mon bébé. Je n'arrivais même pas à le regarder.
Parfois, il y a des raisons médicales très concrètes. Des complications durant la grossesse, une césarienne en urgence ou une naissance prématurée peuvent marquer la jeune maman. Mais parfois aussi, les raisons sont moins "objectives". Un ressenti, le sentiment de ne pas avoir été écoutée par exemple, transforme l'accouchement en un événement douloureux.
"Bien évidemment, il existe un décalage entre l’objectivité et la subjectivité du traumatisme d’une situation", souligne Antje Horsch, psychologue au Département femme-mère-enfant du CHUV. "Il arrive qu'objectivement, un accouchement se soit bien déroulé, mais que subjectivement, la mère l’ait vécu comme étant traumatisant. Tout comme à l’inverse, un accouchement soit objectivement traumatique mais que la mère le traite subjectivement comme ne l’ayant pas été".
>> Les explications de la doctoresse Antje Horsch:
Il y a un décalage énorme entre les attentes concernant notre accouchement et les événements qui se passent réellement.
Et la situation peut encore se détériorer: entre 3% et 6% des femmes sont touchées par un syndrome de stress post-traumatique après un accouchement sans complication. Cauchemars, flashbacks, anxiété... Un trouble qui peut avoir des conséquences sur le lien mère-enfant et sur le développement de l'enfant.
Pour aider les mères à parler de ce sujet parfois difficile à aborder avec les proches ou le corps médical, l'association (Re)Naissances a été créée il y a quelques semaines.
>> Le témoignage de la fondatrice de (Re)Naissances Charlotte Conchon-Simon:
J'ai revécu les moments durs de mon accouchement pendant six mois.
Sujet 19h30: Viviane Gabriel, article web: Cécile Rais
Jouer au Tetris pour gérer le stress post-traumatique
Chaque année, environ 15% des femmes subissent une césarienne en urgence et un tiers de ces mères développent un syndrome de stress post-traumatique.
L'équipe d'Antje Horsch, psychologue et responsable de recherche au Département femme-mère-enfant du CHUV, a montré les bénéfices du jeu d'ordinateur Tetris pour ces femmes.
Sur 56 mères ayant subi une césarienne en urgence, la moitié a joué à Tetris pendant 15 minutes durant les 6 heures suivant la césarienne et l'autre moitié non. Les résultats ont montré que les femmes ayant joué présentaient moins de souvenirs intrusifs dans la première semaine de post-partum et qu'il était moins probable qu'elles reçoivent un diagnostic de syndrome de stress post-traumatique un mois après.
Tetris étant "un jeu visuospatial exigeant", "nous avons prédit que la tâche cognitive pourrait empêcher les aspects intrusifs des souvenirs traumatiques de s’établir, puisqu’elle est supposée perturber un processus mémoriel connu sous le nom de la consolidation de la mémoire", souligne Antje Horsch.
Cette recherche sera poursuivie grâce à une bourse du Fonds national suisse de la recherche scientifique pour étudier les bénéfices à long terme du jeu Tetris.