"C'est un problème qui, malheureusement, est méconnu", constate Didier Pittet, invité jeudi du Journal du matin sur RTS La 1ère. Pourtant, la résistance aux antibiotiques provoque près de 400'000 morts par année de par le monde.
Une ère post-antibiotiques, c'est un monde où les infections banales d'aujourd'hui ne seraient plus traitables, explique Didier Pittet. Un monde où l'on pourrait mourir d'une infection urinaire ou d'une pneumonie.
Abus d'antibiotiques
Le médecin tient toutefois à ne pas verser dans le catastrophisme. "S'il n'est pas adressé de manière globale, le phénomène de la résistance aux antibiotiques va nous déborder", prévient-il. A cet égard, Didier Pittet se félicite du plan d'action global adopté en mai par les pays membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
On a trop donné d'antibiotiques. On les a mal présentés en tant que médecin. On les a mal utilisés en tant que patient.
Comment la résistance s'est-elle développée? En abusant des antibiotiques. "On en a trop donné, dit Didier Pittet. On les a mal présentés en tant que médecin. On les a mal utilisés en tant que patient." Et de questionner: "Qui n'a pas gardé dans sa pharmacie le reste des antibiotiques de manière à pouvoir en prendre la prochaine fois?"
Élevage animal
Reste que la médecine humaine ne concerne qu'environ 20% de la problématique. L'enjeu principal, c'est la médecine vétérinaire, l'utilisation d'antibiotiques dans l'élevage animal. Par exemple "lorsqu'on fait grandir plus rapidement des cochons", illustre Didier Pittet.
Là-aussi, le médecin prône une utilisation plus parcimonieuse des antibiotiques. Mais les logiques économiques sont fortes. "Quand vous vous adressez au ministre de la Santé d'un pays pour lui demander d'arrêter l'usage d'un antibiotique dans l'élevage animal, celui-ci va dire oui, raconte Didier Pittet. Mais le ministre de l'Economie, celui du Commerce, ou de l'Agriculture, lui, ne sera pas d'accord."
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