Modifié

Hausse de la consommation mondiale d'antibiotiques de 65% en 15 ans

Les experts rappellent que la résistance aux antibiotiques est une menace croissante pour la santé mondiale. [Reuters - Lucy Nicholson]
La consommation mondiale d'antibiotiques a augmenté de 65% sur quinze ans / Le 12h30 / 1 min. / le 28 mars 2018
La consommation mondiale d'antibiotiques a augmenté de 65% entre 2000 et 2015, selon le constat d'une étude internationale, une progression alarmante, puisqu'elle favorise la résistance des bactéries aux antibiotiques.

Cette progression s'explique surtout par la hausse de la consommation d'antibiotiques dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, a constaté l'étude publiée cette semaine dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences. La hausse accompagne assez naturellement la progression du PIB dans ces pays.

En 16 ans, la consommation a doublé en Inde et augmenté de presque 80% en Chine. Selon Didier Pittet, chef du service de prévention des infections aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), il faut évidemment se réjouir que les habitants de ces pays qui ont besoin d'antibiotiques y aient accès. Le problème, c'est qu'ils sont souvent utilisés à mauvais escient.

Baisse très marginale

"C'est malheureusement le problème de l'Inde, où les antibiotiques sont disponibles sans ordonnance, et utilisés à tort et à travers, y compris des génériques de mauvaise qualité", explique le spécialiste.

Dans les pays à haut revenu, la consommation par habitant a baissé de 4%. Mais, comme le souligne Didier Pittet, il s’agit d’une baisse très marginale.

Ces pays restent de loin les plus gros consommateurs d’antibiotiques, même si quelques pays à revenus intermédiaires, comme la Turquie ou l'Algérie, se trouvent désormais dans le peloton de tête.

Résistance des bactéries

Autre facteur d'inquiétude relevé par l'étude, l'augmentation rapide de l'utilisation d'antibiotiques de dernier ressort, qui va de pair avec l'augmentation des infections par des bactéries résistantes.

Même s’il est très difficile de chiffrer les décès liés à ces bactéries résistantes, un groupe d’experts a estimé en 2014 qu’elles étaient responsables de 700'000 morts par an dans le monde. Certains estiment que d’ici 2050, on grimpera à dix millions de morts par an si rien n’est fait.

Plan d'action en vue

Côté solutions, Didier Pittet rappelle que l'année dernière, chaque pays membre de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dû présenter un plan d'action, et d'après lui, si ces plans sont mis en oeuvre, on peut s'attendre à ce que les antibiotiques commencent enfin à être utilisés à meilleur escient.

"Il faudra avoir un impact sur ces chiffres globaux de consommation d'antibiotiques qui, s'ils devaient continuer à augmenter de la sorte, feraient courir l'espèce humaine à la catastrophe", affirme l'expert.

Lucia Sillig avec ats/kkub

Publié Modifié