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Le nombre de naissances médicalement assistées "reste marginal"

L'invité de la rédaction (vidéo) - Samia Hurst, médecin, bioéthicienne
L'invitée de la rédaction (vidéo) - Samia Hurst, médecin, bioéthicienne / La Matinale / 13 min. / le 23 juillet 2018
Le 25 juillet 1978, naissait Louise Brown, le premier bébé-éprouvette de l'histoire. Quarante ans plus tard, de nombreuses craintes ont été levées et le nombre de naissances concernées reste limité, selon la bioéthicienne Samia Hurst.

Cette avancée médicale était "une grande inconnue", rappelle Samia Hurst, bioéthicienne consultante du Conseil d'éthique clinique des HUG, invitée lundi de La Matinale. "Il y avait toutes sortes d'inquiétudes que ces bébés ne soient pas comme les autres. Certains évoquaient même des bébés dénués d'âme...", relate-t-elle.

Ces craintes se sont avérées "largement surestimées", ajoute-t-elle. Depuis Louise Brown, huit millions de bébés sont nés par fécondation in vitro à travers le monde. Un chiffre plutôt restreint "quand on le rapporte au nombre total des naissances". "En Suisse, nous avons un peu plus de 2% des naissances qui sont le résultat de fertilisations in vitro: ça reste quelque chose de marginal", précise la bioéthicienne.

Par ailleurs, en Suisse, 2000 enfants naissent chaque année grâce aux techniques de procréation assistée, comme l'insémination artificielle ou la fécondation in vitro. 

Un modèle familial "prescrit par la Suisse"

"Les critères sont stricts, c'est vrai. Mais la raison principale, c'est que c'est beaucoup plus facile, moins cher et plus agréable d'avoir des enfants par la manière naturelle", estime Samia Hurst. 

En Suisse, la procréation médicalement assistée (PMA) est réservée aux couples hétérosexuels et - selon les techniques -mariés. "Il y a clairement un modèle familial qui est prescrit dans la loi sur la procréation médicalement assistée en Suisse, ce qui est intéressant puisqu'on se refuse de le faire dans d'autres législations", analyse-t-elle.

Le critère du bien de l'enfant

Selon la spécialiste, "la raison est toujours la même: pour protéger les enfants (...). Cela dit, on a quelques décennies de recul et de données et on voit que ces enfants se portent bien, en-dehors du modèle prescrit par la Suisse".

Elle explique aussi que selon certaines études spécifiques, "les enfants nés de la PMA de parents homosexuels ont l'air de se porter mieux que les autres". "Quand on regarde d'un peu plus près, ces couples sont hautement sélectionnés par le fait qu'il faut beaucoup de motivation et de moyens financiers pour pouvoir faire ce parcours du combattant (...). Mais si l'on prend en compte que ce sont des couples tendanciellement plus aisés, et qu'on compare ce qui peut l'être, les différences disparaissent".

Pour la bioéthicienne, cela signifie que "le critère du bien de l'enfant comme barrière à l'accès à la PMA, ne tient plus".

Propos recueillis par Coralie Claude

Adaptation web: Jessica Vial

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La gestation pour autrui, "difficile à réguler"

Israël a décidé d'élargir le droit à la la gestation pour autrui (GPA) aux femmes célibataires. En Suisse, cette pratique est interdite. Mais va-t-on y venir ?

Selon Samia Hurst, une des raisons à l'interdiction de la GPA "est qu'il est difficile de la réguler d'une manière qui protège les droits des mères porteuses. Mais difficile ne veut pas dire impossible". Elle relève aussi une autre inquiétude suisse: "celui du nombre de parents qu'un enfant a le droit d'avoir".

La bioéthicienne rappelle aussi que selon la loi suisse, "un enfant a le droit de connaître ses parents, de connaître la femme qui l'a porté". "Cela serait peut-être un garde-fou intéressant contre l'exploitation", suggère-t-elle. "Cela nous rendrait aussi inconfortables, car cela voudrait dire qu'un enfant peut avoir trois parents. Mais c'est intéressant, car aujourd'hui, certains enfants ont effectivement trois parents avec les familles recomposées".

Les précisions de Simon Corthay sur la loi sur la gestation pour autrui, qui divise Israël: