La désensibilisation par une exposition progressive aux allergènes est remise en cause par une enquête de Prescrire, une revue française indépendante de l'industrie pharmaceutique. Selon l'évaluation parue dans le numéro d'août du mensuel, cette méthode qui consiste à s'exposer régulièrement, en dehors de la saison des pollens, aux allergènes qui nous font le plus réagir, est trop risquée.
En effet, des chocs allergiques surviennent chez 1% des patients traités, nécessitant une injection d'adrénaline et pouvant parfois entraîner la mort. Selon Prescrire, la pratique est trop risquée, alors que la rhinite allergique saisonnière, ou rhume des foins, reste une affection somme toute bénigne, dont les symptômes diminuent au cours de la vie chez la moitié des patients.
Pas le seul traitement
La désensibilisation est pourtant jusqu'ici la seule thérapie préconisée par le Centre d'Allergie Suisse pour réduire les effets du rhume des foins. Selon Camillo Ribi, médecin adjoint au Service d'immunologie et allergie au CHUV, interrogé dans l'émission On en parle, "la désensibilisation est pratiquée depuis une bonne centaine d'années et elle est efficace pour diminuer les symptômes". Il ajoute que les risques sont connus depuis des années et que les gens qui optent pour la désensibilisation en sont bien informés.
Il existe deux méthodes pour se désensibiliser aux allergènes: par injection sous-cutanée et par prise de comprimés sous la langue. Cette dernière présente "un moins grand risque de choc allergique" et elle est actuellement "préconisée, surtout chez les enfants", explique Camillo Ribi. Il précise toutefois qu'il "n'y a pas vraiment d'études" qui ont comparé les deux méthodes.
Le spécialiste insiste sur le fait que la désensibilisation "n'est pas le seul traitement" contre la rhinite allergique saisonnière et que "seule une petite minorité de gens qui ont le rhume des foins y ont accès: les personnes qui n'ont pas bien répondu aux autres traitements". Il évoque en premier recours des "traitements simples et peu risqués, comme les sprays de cortisone" et encourage à demander conseil à son médecin.
Propos recueillis par Yves-Alain Cornu/jvia