Publiée jeudi par la revue médicale The Lancet, cette étude (lire encadré) montre que la consommation d'alcool serait responsable de près de 3 millions de décès chaque année dans le monde. Les chercheurs conseillent en conséquence le "zéro alcool" à qui veut limiter les risques. Il n'y a pas de niveau minimum qui soit sans danger, soulignent-ils.
"Un message très clair"
"Cette étude vient s'ajouter à d'autres études récentes qui montrent que ce qu'on pouvait considérer comme représentant peu ou pas de risques pour la santé tend à se réduire", précise Nicolas Bertholet du service d'alcoologie du CHUV à Lausanne dans le 12h30. "Cette étude montre qu'il n'y a pas de consommation d'alcool, si petite soit-elle, qui ne représente pas un risque pour la santé", souligne-t-il.
Et cela pourrait conduire à modifier les politiques en la matière. "Cette étude appelle peut-être les agences nationales de la santé à revoir les recommandations qu'elles font à la population", poursuit le médecin. "Elle a le mérite peut-être de donner un message très clair."
Chacun prend des risques quotidiennement
Nicolas Bertholet note cependant que tout le monde est amené à prendre des risques dans la vie de tous les jours. "Je pense qu'on fait tous un certain nombre de choses qui représentent des risques pour notre santé, qu'on peut décider de faire en connaissance de cause, comme la conduite automobile."
Propos recueillis par Coralie Claude
oang
Une étude basée sur des données planétaires
Cette étude est basée sur l'analyse des données récoltées dans le cadre d'un vaste projet baptisé Global Burden of Disease Study (GBD), auquel collaborent plus de 1800 chercheurs dans 127 pays. Il est soutenu par l'Organisation mondiale de la santé et financé par la fondation Bill et Melinda Gates.
Ces données portent sur les niveaux de consommation d'alcool et leurs effets sur la santé dans 195 pays entre 1990 et 2016.
L'alcool a ainsi causé 2,8 millions de morts en 2016, selon l'étude. Sa consommation était cette année-là le septième facteur de risque de décès prématuré et d'invalidité dans le monde. Elle est associée à près d'un décès sur dix chez les personnes âgées de 15 à 49 ans, en entraînant des accidents de la route ou des suicides, notamment.
Risques dès le premier verre
Les auteurs de l'étude estiment que le fait de boire un verre par jour (vin ou bière) pendant un an augmente de 0,5% le risque de développer l'un des 23 problèmes de santé liés à l'alcool (cancers, maladies cardiovasculaires, AVC, cirrhose, accidents, violences, etc.), par comparaison avec les non buveurs.
Selon les chercheurs, ces résultats confortent d'autres recherches récentes, qui ont mis en évidence "des corrélations claires et convaincantes entre la consommation d'alcool et la mort prématurée, le cancer et les problèmes cardiovasculaires". Ils assurent que la croyance selon laquelle un ou deux verres par jour sont bons pour la santé "n'est qu'un mythe". Seul le "zéro alcool" minimalise le risque global de maladies, soulignent-ils.