Vaste programme de recherche sur le cerveau doté d'un milliard d'euros de financement européen sur dix ans, le Human Brain Project (HBP) vit actuellement "une période charnière", reconnaît Andreas Mortensen, directeur général du HBP et vice-président de l'Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL), samedi dans le quotidien 24 heures.
"Il est temps que l'EPFL partage la coordination"
Lancé en 2013, le projet sur dix ans est aujourd'hui à mi-parcours. Pour qu'il continue et trouve encore de l'argent au-delà des 10 ans prévus, l'EPFL admet qu'il faut en modifier la gouvernance. "Une des pistes les plus sérieuses est de passer d'un seul à plusieurs coordinateurs. L'idée, c'est d'élargir la coordination au plan européen. Il est temps que l'EPFL partage" relève Gérard Escher, conseiller auprès de la présidence de l'école.
Une nouvelle entité de coordination est donc en train de se créer pour reprendre une partie, voire tout le projet. Elle sera pilotée depuis un des Etats partenaires et non plus depuis la Suisse.
Cette période de transition doit aussi permettre de revoir la structure financière du projet, pour le rendre pérenne au-delà des dix ans initiaux. Il s'agit de se tourner vers les privés en matière de levée de fonds, mais aussi mobiliser davantage les Etats membres - dont la Suisse - pour qu’ils participent plus.
Incertitudes politiques entre la Suisse et l'UE
Mais le futur dépendra aussi des accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne pour sa participation au prochain projet de recherche sur la période 2020-2023.
"Si nous sommes relégués au stade d'Etat tiers et non plus associé, il est clair qu'on ne peut plus coordonner un tel chantier. C'est ce qui motive aussi une volonté d'une coordination plus partagée: elle serait plus stable", affirme le directeur général du HBP.
Compte-tenu de cette situation et des incertitudes qu'elle entraîne, il n'y aura pas pour l'instant de nomination d'un nouveau directeur exécutif.
Reportage TV: Aurélie Coulon
Adaptation web: oang, avec ats
Un projet qui a évolué au fil des critiques
Approche trop empirique, basée uniquement sur les neurones qui ne composent que 50% du cerveau alors que d'autres cellules orchestrent son fonctionnement: les critiques continuent de se faire entendre sur le HBP. Le projet est à l’image de son objet d’étude, complexe et difficile à cerner.
Prévue sur dix ans, la feuille de route a beaucoup changé depuis ses débuts. En 2013, un trio de chercheurs charismatiques avait fait la promesse ambitieuse de pouvoir simuler le cerveau humain grâce à la puissance de superordinateurs. Mais le scepticisme d'une partie de la communauté scientifique avait forcé l'entité à revoir son organisation.
"HBP était surtout dédié à simuler le cerveau ou des parties du cerveau", rappelle le directeur de l'ingénierie neuromorphique du HBP Karlheinz Meier dans le 19h30. "Maintenant c'est devenu plus large, avec plus d'aspects en neurosciences et en médecine. Cela signifie que plus de laboratoires sont impliqués à travers l'Europe, il n'y a pas d'épicentre. Mais c'est ce que veut la communauté."