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Le quotidien alémanique Blick fête 60 ans d'existence entre scandales et politique

Le Blick, journal alémanique qui a marqué le paysage médiatique suisse, fête ses 60 ans en 2019. [Keystone - Walter Bieri]
Le journal alémanique Blick fête ses 60 ans / Le 12h30 / 3 min. / le 8 février 2019
Né dans le sillage du Bild allemand, le quotidien alémanique Blick a fait sensation depuis sa création, en 1959. Retour sur 60 ans de Unes cinglantes, de pages coquines mais aussi politiques, et sur les raisons qui ont contribué à son succès.

C'est le deuxième journal le plus lu de Suisse, derrière le gratuit 20 Minutes. Avec son traitement du faits divers, ses pages people et coquines mais aussi ses nombreux sujets d'actualité, le Blick a marqué le paysage médiatique suisse en s'adressant à un public populaire depuis son premier numéro le 14 octobre 1959.

Le titre basé à Zurich a également fait trembler le monde politique après certaines révélations, ce qui lui a valu d'être poursuivi en justice. Il est aussi une importante plate-forme pour le débat public. "Le Blick était contre la loi du Parlement qui voulait faciliter l'exportation des armes, se souvient son rédacteur en chef Christian Dorer dans le 12h30. Finalement, le Conseil national a changé son opinion, ce qui montre la puissance du journal."

La Une du Blick le 14 octobre 1959. [win]
La Une du Blick le 14 octobre 1959. [win]

Quotidien provocateur

Mélange d'information et de divertissement, le Blick n'a pas hésité à pimenter ses pages d'érotisme. Si le journal a aujourd'hui renoncé à sa fameuse chronique de la "Blick Girl", qui montrait une lectrice dévêtue, son ton a pu faire scandale. "C'était une révolution! s'est exclamé le rédacteur en chef. Il y a eu des manifestations et même une demande au Conseil fédéral pour interdire sa publication." Les protestataires disaient que le journal allait mettre en danger les bonnes moeurs des Suisses.

Le titre survivra. Ses Unes piquantes ont accompagné les évolutions de la société. Par exemple, en 1971, l'année où les femmes ont obtenu le droit de vote au niveau fédéral. "Le Blick avait fait campagne en faveur du suffrage féminin, ce qui était progressiste pour l'époque, explique Christian Dorer. La Une montrait une femme nue qui reçoit des fleurs. Comme pour remercier les hommes qui ont voté."

Révélateur de société

Journal à sensation, le Blick, comme d'autres, réveille ce sentiment amour-haine du public à l'égard de la presse de boulevard. "Il y a d'autres explications que le voyeurisme à l'intérêt du fait divers, explique Annik Dubied, directrice de l'Académie du journalisme et des médias et spécialiste du fait divers. Il est très accessible et touche aux histoires individuelles. Certaines sont révélatrices de la société et viennent pointer des préoccupations globales et fondamentales."

En 1986, le journal titrait à 380'000 exemplaires. Aujourd'hui, il n'est plus une "machine à cash" mais reste très populaire. Bien que moins provocateur. Les réseaux sociaux ont changé la donne, selon son rédacteur en chef: il faut prendre garde désormais à la déferlante de commentaires. Les réseaux jouent maintenant, à bien des égards, le rôle qu’un quotidien comme le Blick était autrefois le seul à jouer. En racontant des histoires personnelles, notamment.

>> Ecouter l'interview complète d'Annik Dubied sur le fait divers et les people dans les médias :

Annik Dubied, directrice de l'AJM. [UniNE]UniNE
L'invité du 12h30 - Faits divers et people dans les médias: interview d'Annick Dubier / L'invité du 12h30 / 8 min. / le 8 février 2019

Propos recueillis par Nadine Haltiner/Séverine Ambrus/ani

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