Boire de l'alcool et manger de l'ail ou du gingembre permet de se prémunir du Covid-19. Pour autant que le virus existe vraiment. Lorsqu'il existe, ce sont les antennes de téléphonie 5G qui le propagent. Ou une arme biologique étrangère. Ou encore un plan visant à remodeler la population. Le vaccin? Il n'est pas encore sur le marché qu'il provoque déjà des maladies...
Toutes ces théories circulent sur les réseaux sociaux et peuvent s'avérer dangereuses, car elles sapent les conseils de santé publique nécessaires à la lutte contre la pandémie, alerte l'Organisation des Nations unies (ONU).
L'ONU a décidé de mener une bataille contre la désinformation autour du Covid-19 avec son programme "Verified" ("Vérifié" en anglais). Lancé à la mi-mai, il vise à augmenter le volume et la portée d'informations fiables et précises sur la crise. Plus de 16'000 personnes dans le monde travaillant dans neuf langues ont déjà répondu présent.
"Il est vraiment important que l'ONU puisse se positionner et travailler avec la communauté scientifique pour offrir des informations fiables. Lorsqu'une information erronée est publiée, nous la présentons d'une autre façon, basée sur la science, sur les faits et qui provient de sources sûres et crédibles", explique à la RTS Rhéal LeBlanc, du Service de l'information des Nations unies à Genève.
Un site sur 10 partage des fausses informations
Miguel, un Mexicain installé à Genève, fait partie des volontaires. Sa motivation est née en voyant les ravages provoqués par ces fausses informations, surtout en Amérique latine. "Cette personne dit être un scientifique. Il dit que le chlore peut vaincre le coronavirus", déplore Miguel, en montrant les images vidéos de ce soi-disant scientifique.
Selon une études publiée en avril par l'Institut reuters de l'Université d'Oxford, une personne sur trois dit avoir vu des informations fausses ou trompeuses en rapport avec le Covid-19 sur les réseaux.
Le site NewsGuard, un outil de confiance sur internet, a évalué la crédibilité des articles traitant du Covid-19 sur les 3200 sites les plus lus aux Etats-Unis. Il en est ressorti que plus d'un site sur 10 partageait des informations erronées.
Avec leurs titres accrocheurs, les fausses informations se répandent beaucoup plus largement que celles provenant de sources fiables. Selon la revue scientifique BMJ Global Health, plus d'un quart des vidéos sur le Covid-19 les plus vues sur YouTube en anglais contiennent des informations trompeuses ou inexactes.
L'effet papillon
Pour contrebalancer ces fake news, les bénévoles de l'ONU sont à pied d'oeuvre au quotidien. Tous les matins depuis deux mois, Miguel reçoit par mail des informations vérifiées qu'il partage ensuite sur les réseaux sociaux: "Pour moi, il est important que beaucoup de personnes soient impliquées et que chacun fasse une petite part. C'est l'effet papillon. Un papillon qui bouge ses ailes ne fait pas grand-chose, mais un million de papillons, c'est différent!"
Et il faudra beaucoup de papillons pour contrer les fausses informations qui proviennent d'une minorité de personnes influentes. Sur les réseaux sociaux, la désinformation qui vient des élites (politiques et célébrités) ne représentent que 20% du total des désinformations partagées, mais elles engendrent 69% de l'ensemble des consultations sur les réseaux sociaux.
Dans ce cadre, l'aide des diffuseurs comme Google, Facebook ou Twitter pourrait s'avérer précieuse. Au plus fort de la crise, ils ont publié une déclaration commune sur leur collaboration avec les agences publiques de santé visant à combattre les fausses informations sur le Covid‑19.
Delphine Gianora/fme