Pendant quinze ans, Raphaël Pomey a travaillé comme journaliste dans des médias traditionnels au sein desquels il avait l'impression de ne pas toujours pouvoir s'exprimer comme il l'aurait souhaité.
Motivé par la crise sanitaire et son traitement médiatique, le Vaudois a lancé au mois de mai son propre journal conservateur baptisé "Le Peuple".
"Il y a eu un débat qu'on osait plus forcément faire. A mon sens, des libertés fondamentales ont été attaquées, la liberté de culte en premier lieu, et on en a assez peu parlé", argumente-t-il lundi dans le 19h30.
Des positions conservatrices assumées
En Suisse romande, ce sont toutefois surtout les plateformes d'opinion en ligne qui se multiplient. Tantôt conservatrices, tantôt libérales, elles affichent ouvertement leur couleur politique et certaines assument même un ton satirique et provocateur, en défendant une droite plus dure.
Sur son site, le magazine La Hallebarde écrit par exemple que "tout l'Occident dégénéré pleure actuellement sur le fait que certains États américains aient décidé d’interdire sur leur territoire le massacre de bébés dans le ventre de leur mère", en référence à la révocation du droit fédéral à l'avortement par la Cour suprême aux Etats-Unis.
Contactés par la RTS, les rédacteurs de cette plateforme n'ont pas souhaité s'exprimer.
Un besoin d'identification
Certains de ces sites en ligne existaient déjà au moment de la crise sanitaire, à l'image du média Liber-thé, lancé en 2019 par l'ancien président des jeunes PLR Nicolas Jutzet. Ce dernier a souhaité privilégier une autre voie que celle de la politique traditionnelle.
"Les podcasts ont explosé durant la période de pandémie tout simplement parce que les gens avaient plus de temps qu'auparavant et qu'ils s'intéressaient aussi plus à des questions de fond. Les libertés publiques sont devenues importantes pour une grande partie de la population, qui a pu trouver des réponses chez nous", affirme Nicolas Jutzet.
Selon Oscar Mazzoleni, politologue et professeur à l'Université de Lausanne, ces nouvelles plateformes répondent à un besoin spécifique grandissant dans la société qui consiste à s'identifier à une cause.
"La nébuleuse des sites de protestation qui existe un peu partout est un phénomène qui se démarque de ce que les médias traditionnels essaient de véhiculer et qui met en discussion leur légitimité et crée une identité militante", explique-t-il.
Clémence Vonlanthen/Mélanie Siggen-Beney/iar