Pourquoi boycotter le Mondial au Qatar n'est pas une option pour les journalistes
La question s'est posée de savoir si la SSR devait diffuser le Mondial qui se déroule du 20 novembre au 18 décembre dans l'Emirat, explique Joël Robert, rédacteur en chef adjoint des sports à la RTS dans Médialogues jeudi. "Mais la réponse a été rapide: oui, la SSR doit diffuser le Mondial, parce que nous sommes un média de service public et que nous avons signé un contrat en tant que diffuseur", résume-t-il.
Parler de tout
Mais les journalistes sur place (17 personnes pour la RTS, y compris les consultants Léonard Thurre et Johan Djourou) gardent une totale indépendance pour expliquer ce qui se passe dans et autour des stades, argumente Joël Robert. Il ajoute que dans ce débat, il ne faut pas non plus oublier l'aspect sportif, "car ce ne sont pas les footballeurs qui ont décidé d'aller jouer au Qatar".
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On considère que notre métier de journaliste c'est d'être sur tous les terrains, y compris sur ceux où le sport peut être utilisé comme un moyen de propagande
De son côté, Jérôme Cazadieu, directeur de la rédaction de L'Equipe, indique qu'il n'y a pas eu d'interrogation, "parce qu'on considère que notre métier de journaliste c'est d'être sur tous les terrains, y compris sur ceux où le sport peut être utilisé comme un moyen de propagande".
Jérôme Cazadieu rappelle aussi que "la Coupe du monde reste l'événement le plus important, plus gros même que les JO qui auront lieu en France en 2024". Le média sportif français enverra 30 personnes sur place.
Les deux journalistes soulignent que cela fait partie de leur travail d'être présent au Qatar pour raconter ce qu'il s'y passe, que ce soit dans le domaine sportif, comme au niveau de l'accueil des visiteurs, des droits des travailleurs, des enjeux écologiques ou des éventuelles prises de position des sportifs, par exemple sur le thème du droit des homosexuels.
Liberté de la presse relative
Reste que le Qatar est classé au 119e rang sur 180 pour la liberté de la presse par Reporters sans frontières et le travail des journalistes y est bien plus surveillé.
Jérôme Cazadieu raconte comment un de ses reporters sur place avait réussi à parler à des habitants sans autorisation, ce qui lui a valu un coup de téléphone 10 minutes plus tard de la part des autorités pour rappeler qu'aucune demande officielle n'avait été déposée pour ces entretiens. Mais "on n'a pas à demander l'autorisation (...). C'est notre job d'être présent et de raconter ce qui va se passer", résume le directeur de la rédaction de L'Equipe.
Pour se rendre sur place, il faut une accréditation délivrée par la FIFA afin de pouvoir accéder aux stades et aux conférences de presse par exemple, comme cela se fait d'habitude. De son côté, le Qatar a ses propres exigences et formulaires à remplir, mais ce n'est pas forcément plus compliqué que pour aller aux Jeux olympiques de Pékin ou de Tokyo, raconte Joël Robert. En revanche, il a dû télécharger une application pour téléphone portable qui permet d'être suivi dans le pays.
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Propos recueillis par Antoine Droux
Adaptation web: Caryl Bussy