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Les rédactions de Tamedia et de 20 minutes débraient à Lausanne

La presse romande sous le choc, Tamedia licencie 28 collaborateurs et annonce 28 autres suppressions de poste
La presse romande sous le choc, Tamedia licencie 28 collaborateurs et annonce 28 autres suppressions de poste / 19h30 / 2 min. / le 31 octobre 2023
Quelque 150 collaborateurs et collaboratrices des rédactions romandes de Tamedia et de 20 minutes ont débrayé mardi à Lausanne. Ils ont crié leur colère et leur désarroi face à la suppression de 56 postes dans les titres payants et gratuits de TX Group.

Le rassemblement a débuté en fin de matinée à la gare de Lausanne, où les journalistes vaudois ont accueilli leurs collègues genevois. Un cortège formé de près de 200 collaborateurs a ensuite rejoint l'ancienne tour Edipresse, devant les bureaux de Tamedia et de 20 minutes, pour protester contre les licenciements en cours depuis mardi. Environ 10% des effectifs sont touchés en Suisse romande, soit 28 postes.

>> Relire : Tamedia annonce la suppression de 28 emplois en Suisse romande

La manifestation réunissait des journalistes et collaborateurs et collaboratrices de 24 heures, de la Tribune de Genève, de la rédaction T (rédaction commune des titres romands de Tamedia). Ils ont été rejoints par leurs collègues de la rédaction de 20 minutes, qui comprend lematin.ch et Sport-Center. La filiale de l'éditeur alémanique TX Group est également touchée par la suppression de 28 postes.

>> Lire : TX Group supprime 28 emplois au sein de la rédaction de 20 minutes

Devant les manifestants, le journaliste Julien Baumann a déploré, au nom de 20 minutes, lematin.ch et Sport Center, que "TX Group se sépare en cours de route des premiers de cordée pour atteindre plus rapidement les sommets". Il a dit le "profond désarroi" de la rédaction devant ce "manque manifeste de reconnaissance" et a demandé à TX Group de "limiter la casse".

A Zurich et Genève, des débrayages ont également eu lieu. Selon le syndicat Impressum, quelque 300 personnes ont protesté devant le portique de TX Group dans la ville alémanique.

Des mesures jugées incompréhensibles

"Il y a énormément d'incompréhension. Les gens ont le visage creusé. Il y a beaucoup de personnes qui sont volontairement restées en télétravail pour éviter d'être là ces derniers jours", a rapporté sur place Erwan Le Bec, président de la Société des collaborateurs de 24 heures, dans le 12h30 de la RTS.

"Le lectorat de 24 heures augmente. Nous ne comprenons pas pourquoi nous devons subir aujourd'hui ces coupes", a-t-il souligné. Il a aussi rappelé devant ses pairs qu'en 2009 Edipresse comptait 1500 employés. Aujourd'hui, il reste à peine 400 collaborateurs et collaboratrices.

Les syndicats, la presse ainsi que plusieurs personnalités politiques de gauche sont venues apporter leur soutien au personnel. Parmi eux, le conseiller national et candidat au Conseil des Etats Raphaël Mahaim. Le Vert a réitéré son appel aux gouvernements romands, leur demandant de se réveiller face au démantèlement de la presse romande et au danger encouru par la démocratie.

Les employés concernés convoqués

La mobilisation marque la fin de la procédure de consultation entre les syndicats et la direction pour les titres payants de Tamedia (24 heures, la Tribune de Genève et Le Matin Dimanche). Depuis lundi matin, les employés concernés sont convoqués un à un pour se voir signifier leur licenciement.

Erwan Le Bec, qui a participé à la procédure de consultation, a évoqué le dévouement des collaborateurs et collaboratrices pendant la pandémie et lors des élections fédérales notamment. "Ce sont parfois des collègues qui ont donné 20 ans de leur vie à Edipresse, et maintenant à Tamedia et TX Group, et qui voient leur carrière s'arrêter en quelques minutes."

D'après les informations de la RTS, sur les 28 personnes concernées par des licenciements à Tamedia, 16 auraient choisi l'option du départ "volontaire", parmi lesquelles neuf partiraient en retraite anticipée. Les autres départs concerneraient moins d'une dizaine de personnes, dont trois collaborateurs de 24 heures. Des chiffres officiels doivent être communiqués d'ici la fin de la journée.

>> Les précisions du 12h30 :

Les rédactions de Tamedia et de 20 minutes débraient à Lausanne [Keystone - Laurent Gillieron]Keystone - Laurent Gillieron
Plusieurs rédactions du TX Group débrayent pour protester contre la suppression de postes / Le 12h30 / 4 min. / le 31 octobre 2023

mc/iar avec l'ats

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Pierre Ruetschi: "Là où il n'y pas de bonne presse, il n'y a pas de bonne démocratie"

Pierre Ruetschi, ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève, est inquiet pour l'avenir du journalisme en Suisse romande. "Il suffit de voir toutes les disparitions de titres et suppressions de postes ces dernières décennies, sans compter les dernières mesures annoncées récemment. Tout cela a coûté très cher au journalisme et à la qualité de l'information", explique-t-il dans le 19h30.

Il en va, selon lui, de la bonne santé de la démocratie. "Ce n'est pas une formule, c'est une réalité. Là où il n'y a pas de bonne presse, il n'y a pas de bonne démocratie."

Surtout que TX Group est profitable, notamment grâce à ses sites de petites annonces, comme il le souligne. "Avec l'avènement d'internet, les petites annonces, qui constituaient une ressource très importante pour les journaux, ont été sorties des titres et placées sur le digital, dans un groupe à part qui s'appelle TX Market. Et aujourd'hui, ce marché des petites annonces est très profitable. Si on fusionnait tout cela, on aurait une rentabilité suffisante pour les journaux."

Il déplore en outre le pouvoir des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), notamment sur le marché de la publicité. "Les revenus du digital, qui sont l'avenir des médias, sont amputés de tout ce que les GAFAM prennent sur le dos des médias", déplore-t-il encore, insistant sur les solutions qui doivent être, selon lui, politiques. "D'autres pays ont pris des mesures pour cadrer les GAFAM. En Suisse, il y a encore un certain nombre de choses à faire sur ce point."

>> L'interview de Pierre Ruetschi dans le 19h30 :

Le paysage de la presse romande n'en finit pas de rétrécir, interview de Pierre Ruetschi
Le paysage de la presse romande n'en finit pas de rétrécir, interview de Pierre Ruetschi / 19h30 / 3 min. / le 31 octobre 2023