Pour le deuxième jour consécutif, les publications lémaniques arborent en première page un encadré signé de la main de la direction de Tamedia pour annoncer la couleur: "Chers lecteurs, le journal que vous avez dans les mains paraît aujourd'hui en pagination réduite. La grève annoncée par les rédactions en est la cause".
Comme mercredi, 24 heures et la Tribune de Genève ne comptent que seize pages. On peut y lire notamment deux pages dédiées à leurs régions respectives (Vaud ou Genève), une page Suisse-monde et une de sports.
"Encore un journal allégé. A la suite de la grève suivie par une grande majorité des collaborateurs des rédactions romandes du groupe Tamedia (...) une équipe très réduite a réalisé hier cette édition à la pagination plus faible que d'ordinaire", écrit Le Matin, en marge de sa page 4. De fait, le quotidien offre 32 pages, contre une quarantaine à l'accoutumée.
Négociation jeudi entre les avocats des deux parties
Quelque 200 personnes ont manifesté en milieu de journée mercredi pour soutenir la grève, entamée mardi, malgré les menaces à 11h de Tamedia de licencier avec effet immédiat tout employé qui ne reprendrait pas le travail.
Les journalistes exigent notamment que l'éditeur zurichois renonce aux licenciements prononcés depuis le mois de juin.
Tamedia a pour sa part proposé une séance de conciliation jeudi, finalement repoussée au 10 juillet à 18 heures. L'Office vaudois de conciliation ne donne pas d'explications sur le report de la réunion. Mais selon les informations de la RTS, il recommande aux deux parties de calmer le jeu d'ici cette rencontre.
Les collaborateurs devraient pour leur part décider en Assemblée générale jeudi s'ils maintiennent ou pas le mouvement de grève jusqu'à cette séance avec l'éditeur, alors qu'à la mi-journée les avocats des journalistes et de Tamedia étaient en pleine négociation.
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ats/kg
"Un terrible désaveu", selon Sandra Jean
"En Suisse, dans LE pays du dialogue social, d'en arriver à cet extrême qu'est la grève, à ce genre de menaces, c'est un terrible désaveu pour tous les acteurs, en particulier pour Tamedia", estime Sandra Jean, directrice des rédactions du Nouvelliste et invitée jeudi de La Matinale. Pour elle, la situation et les menaces du groupe de presse aux grévistes montre "une incapacité de dialoguer, d'entrer en discussion et de mettre du sens dans ce qui est en train de se passer".
"Quand Tamedia annonce la fin du papier et parle d'un projet numérique avec 10 ou au maximum 15 personnes, sans même expliquer les contours de ce projet, ce n'est pas sérieux", regrette Sandra Jean, qui a dirigé Le Matin entre 2010 et 2014.
"On souhaite que des discussions puissent avoir lieu et peut-être déboucher sur quelque chose. Mais il ne faut pas rêver, la situation est extrêmement compliquée. La confiance est probablement entamée", ajoute-t-elle.
Son interview intégrale dans La Matinale: