Peu de temps après le début de leur prise d'assaut du centre commercial Westgate à Nairobi, au Kenya, samedi, les insurgés shebab, un groupe islamiste somalien lié à al-Qaida, ont revendiqué l'attaque sur Twitter.
Le réseau social leur a servi de porte-voix pour décrire l'attaque en détail et diffuser une série de messages idéologiques. "Les moudjahidines ont pénétré aujourd'hui vers midi dans Westgate. Ils ont tué plus de 100 infidèles kényans et la bataille se poursuit", ont-ils écrit, poursuivant: "Ce que les Kényans voient à Westgate, c'est de la justice punitive pour les crimes commis par leurs soldats."
Dimanche dans la soirée, après une vague d'indignation sur Twitter (voir encadré), le site de micro-blogging a posté un message laconique sur leur profil anglophone @HSM_Press faisant état de la suspension "du compte demandé".
Gouvernements interpellés sur Twitter
Twitter n'a pas commenté cette suspension, mais son règlement prévoit la clôture de comptes proférant "des menaces directes et/ou explicites de violences à l'encontre d'autrui". Le site interdit aussi d'utiliser un profil "à des fins illicites ou pour la poursuite d'activités illégales".
Des conditions d'utilisation visiblement pas dissuasives pour les shebab, qui n'en sont pas à leur coup d'essai. En janvier dernier déjà, ils avaient annoncé sur leur compte de l'époque, @HSMPress, l'exécution de Denis Allex, un agent des services secrets français qui était retenu en Somalie depuis 2009.
>> Lire : Les islamistes somaliens annoncent avoir exécuté leur otage français
Les insurgés avaient en outre tweeté la photo de la dépouille d'un soldat français, tué au cours du raid destiné à libérer l'otage, avec cette légende: "François Hollande, was it worth it?" ("Cela en valait-il la peine?").
Paris avait alors parlé de "mise en scène particulièrement odieuse". Le gouvernement kényan avait aussi été interpellé via Twitter, les islamistes menaçant d'exécuter des Kényans si Nairobi ne libérait pas des prisonniers musulmans détenus pour terrorisme.
Troisième suspension de compte
Leur compte avait déjà été clôturé par Twitter à l'époque, ce qui n'avait pas empêché le groupe de recréer un profil, @HSMPress1. Ce dernier a été suspendu le 6 septembre, seulement trois jours après avoir été utilisé par les shebab pour revendiquer l'attaque du convoi du président somalien Hassan Cheikh Mohamoud.
Pour sa part, le compte @HSM_Press, supprimé par Twitter dimanche, n'a été ouvert que le 11 septembre dernier, soit moins d'une semaine après la suppression de @HSMPress1.
Depuis la création de leur premier compte Twitter en octobre 2011, à la suite du déploiement de soldats kényans dans le Sud de la Somalie, les shebab se sont très bien adaptés au développement des réseaux sociaux. Ils ne sont pas un cas isolé. De plus en plus de groupes terroristes utilisent non seulement Twitter, mais aussi Facebook et Instagram.
Une évolution qui divise au sein même des cellules djihadistes, certains estimant paradoxal de placer sa communication dans les mains de sites gérés par "l'ennemi" occidental.
Pauline Turuban