Terrasses de café, magasins, halls d'immeuble et même chambres privées, les caméras de surveillance IP filment bientôt partout. Ces caméras connectées en plein essor permettent à leur propriétaire de surveiller un site à distance. Mais mal configurées, elles sont accessibles à tous sur internet. Afin d'alerter sur les dangers pour la sphère privée, un site diffuse des dizaines de milliers de flux.
En Suisse, quelque 220 personnes ou sociétés sont concernées. On y trouve de nombreux particuliers, mais aussi, entre autres, un Denner à Neuchâtel ou une entreprise de sanitaires en Valais.
Depuis des années
Retrouvé par la RTS, le directeur de cette entreprise valaisanne ne savait pas qu'on pouvait l'observer sur le web, alors que son système a été installé par des professionnels: "J'avais fait placer ces caméras il y a une dizaine d'années après des vols et elles sont connectées depuis au moins 5 ans. C'est juste pour voir qui est entré si l'alarme se déclenche".
Placées pour se protéger, ces webcams de surveillance mal configurées peuvent à l'inverse fournir des informations sensibles à des personnes mal intentionnées.
Valentin Tombez
Modifier le mot de passe par défaut
Pour ne plus figurer sur le site, il suffit de modifier le mot de passe de base (souvent "admin" ou "12345") ou d'en choisir un s'il n'y en a pas.
L'auteur du site, contacté par la RTS, a indiqué n'avoir "pas eu d'autre idée pour expliquer à des millions d'utilisateurs l'importance de modifier le mot de passe par défaut". Son action n'est pas restée sans effet, puisque le nombre de flux disponibles a drastiquement chuté.
"Toutes ces caméras étaient vues par un grand nombre d'utilisateurs et les propriétaires de ces caméras n'avaient aucune possibilité de le savoir. Maintenant, les médias ont créé une panique concernant ce vieux problème et la base de donnée est passée de 160'000 à 63'000 caméras avec des mots de passe par défaut", précise-t-il.
"Couvrir la caméra"
Le porte-parole du Préposé fédéral à la protection des données insiste lui aussi sur l'importance d'un bon mot de passe et conseille même de "débrancher ou couvrir la caméra quand on ne l'utilise pas".
Inquiétudes au Parlement
Face aux nombreux défis liés aux objets connectés, le conseiller national Jean-Christophe Schwaab (VD/PS) a déposé en septembre un postulat pour que le Conseil fédéral évalue l'introduction d'un "contrôle dès la conception" dans la législation. Ce contrôle doit notamment permettre au propriétaire d'un objet connecté de s'opposer à sa connexion à un réseau.
Le Conseil fédéral propose d'accepter le postulat, qui doit encore passer devant le Conseil national.