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Le message "puissant" d'une victime de viol à l'attention de son agresseur

Les faits se sont produits lors d'une soirée sur le campus de la prestigieuse université américaine de Stanford.
Les faits se sont produits lors d'une soirée sur le campus de la prestigieuse université américaine de Stanford.
Un Américain de 19 ans a été condamné à une peine très légère après avoir violé une jeune femme sur le prestigieux campus américain de Stanford. Le témoignage de sa victime est en train de faire le tour du web.

"Tu ne me connais pas, mais tu as été en moi, et c'est pour ça que nous sommes là aujourd'hui." C'est avec cette phrase choc que commence le long texte que la victime, âgée de 23 ans, a adressé à son agresseur.

De nombreux médias anglophones ont choisi d'en retranscrire intégralement les 12 pages, saluant le courage de la jeune femme et la "puissance" de son message. Selon Buzzfeed, le premier média à le relayer, le récit a déjà été lu plusieurs millions de fois depuis l'issue du procès le 2 juin.

"Humaniser les violeurs"

La victime raconte l'agression, les examens invasifs auxquels elle a été soumise et les interrogatoires "insoutenables" durant le procès, de la part d'une défense bien décidée à la culpabiliser.

Dans un éditorial, la correspondante aux Etats-Unis du journal britannique The Guardian "encourage tout le monde à lire en entier (son récit), qui est une charge accablante contre une culture qui fait tout pour humaniser les violeurs tout en diabolisant les victimes".

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"Je voulais enlever mon corps comme un vêtement et le laisser à l'hôpital"

Quelques extraits de la lettre :

"Après quelques heures (d'examen), on m'a laissée me doucher. J'étais là à examiner mon corps sous l'eau quand j'ai décidé que je ne voulais plus de ce corps. Il me terrifiait… Je voulais enlever mon corps comme un vêtement et le laisser à l'hôpital avec tout le reste."

"Mon indépendance, ma joie naturelle, ma douceur et ma stabilité ont été altérées au point que je ne me reconnais plus. Je suis devenue fermée, furieuse, critique, fatiguée, irritable, vide. Parfois l'isolement est insupportable. Tu ne peux pas me rendre la vie que je menais avant cette nuit-là."

"Comme quand j'avais 5 ans, je ne peux pas dormir sans veilleuse la nuit parce que je fais des cauchemars dans lesquels on me touche sans que je puisse me réveiller. Au début j'avais même besoin que le soleil se lève pour me sentir assez en sécurité pour pouvoir dormir. Pendant trois mois, je suis allée me coucher à 6h00 du matin."

"Que tu affirmes sous serment que c'est ce que je voulais, que j'étais consentante, et que tu es la véritable victime (...) est consternant, délirant, égoïste, nuisible. Ma souffrance est suffisante, je n'ai pas besoin que quelqu'un s'emploie impitoyablement à minimiser ou invalider cette souffrance."

Tollé après le verdict jugé trop clément

Le jeune homme a été condamné à six mois ferme dans une prison du comté, alors que le procureur avait requis six ans dans un établissement fédéral, et que la peine maximale pour un viol est de 14 ans de réclusion.

Le juge a défendu sa position en arguant qu’une peine plus lourde aurait "un impact sévère" sur le jeune homme. Le père du violeur avait déjà scandalisé l'opinion en estimant que la prison était "un prix très élevé à payer pour seulement 20 minutes d’action".

Par ailleurs, une polémique liée aux photos du jeune homme s'est fait jour sur le web. Beaucoup d'internautes ont dénoncé le fait que des photos de l'étudiant dans un contexte universitaire aient été privilégiées dans les médias plutôt que l'habituel "mugshot" (photo de police).

De nombreux Américains sont persuadés que le jeune homme, de bonne famille, étudiant dans une université prestigieuse et athlète de haut niveau, a été favorisé en raison de son statut social. Une pétition réclamant la révision du procès et la suspension du juge avait ainsi rassemblé plus de 46'000 signatures mardi.

I'll say this for #BrockTurner and his dad: They did more to illustrate white male privilege & rape culture than anyone else in 2016

— M.J. Prest (@mj_prest) 6 juin 2016




"Ils ont fait plus que n'importe qui en 2016 pour illustrer à la fois la domination blanche, masculine, et la culture du viol."