Un câble diplomatique, déclassifié il y a peu par les Archives nationales du Royaume-Uni, montre que l'émissaire britannique à Pékin avait informé Londres de l'imminence d'un "bain de sang" à Tiananmen, deux semaines avant qu'il se produise, rapporte The Independent.
"Le gouvernement chinois a décidé qu'il est impossible d'éviter un bain de sang", avait écrit Sir Alan Ewen Donald le 20 mai 1989. Le même jour, le dirigeant chinois Deng Xiaoping avait déclaré la loi martiale et déployé près de 300'000 militaires à Pékin.
"Deux cents morts apporteraient 20 ans de paix"
Deng Xiaoping a dit que "deux cents morts apporteraient 20 ans de paix à la Chine", "cela impliquait clairement l'idée que sacrifier un certain nombre de manifestants stabiliserait la situation et permettrait de gagner du temps pour parachever la réforme de la Chine", avait ajouté le diplomate dans sa note.
Sir Donald avait encore informé son gouvernement que Pékin avait donné à l'armée la consigne de "faire le nécessaire pour réprimer les manifestations".
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Margaret Thatcher avait condamné le massacre
Les manifestations étudiantes sur la place Tiananmen à Pékin ont été brutalement réprimées par l'armée chinoise, qui a abattu plusieurs centaines de militants le 4 juin 1989. Margaret Thatcher, qui était la Première ministre britannique, s'était alors dite "choquée et consternée par ce massacre".
Plongée dans le fonctionnement du gouvernement Thatcher
Les Archives nationales du Royaume-Uni ont rendu publics le 30 décembre une grande quantité de fichiers classifiés du gouvernement britannique, datant de 1989 et 1990. Ces documents donnent un aperçu du fonctionnement du gouvernement Thatcher dans ses dernières années.
On y apprend notamment que la Première ministre avait de profondes réserves concernant la réunification de l'Allemagne, dont elle craignait qu'elle ne finisse par dominer l'Europe, note The Independent. Selon ces documents, Margareth Thatcher aurait même dû se faire aider pour rédiger un communiqué de réaction positif à la chute du mur de Berlin.
Les documents montrent encore que la démission de la Première ministre a plongé de nombreux dirigeants internationaux dans le désarroi. D'après The Guardian, son départ a "provoqué des larmes à Washington et la consternation à Moscou".