Music Business Worldwide (MBW) écrit que la tricherie a été repérée en septembre par le responsable d'un grand label, intrigué par deux playlists intitulées "Soulful Music" et "Music From The Heart".
Elles ont vite battu des records d'écoute sur Spotify, coiffant même au poteau les listes de lecture appartenant aux majors de l'industrie musicale.
Un succès suspect puisqu'elles ne comptaient qu'un faible nombre d'abonnés et ne contenaient que des titres très courts d'auteurs inconnus. Les codes d'identification (ISRC) des chansons renvoyaient tous à une inscription en Bulgarie.
Titres joués en boucle
Selon MBW, le "curateur" de ces playlists, qui serait donc aussi le propriétaire des droits des titres, aurait créé un millier de comptes payants et lancé les titres en boucle.
Moyennant un investissement d'environ 12'000 dollars par mois, chacune de ces playlists avait le potentiel de générer jusqu'à 415'000 dollars de rémunération mensuelle (voir encadré).
Pauline Turuban
Une combine qui a pu rapporter plus d'un million de dollars
MBW livre le détail de ses estimations. Pour créer 1200 comptes Spotify Premium, l'individu a dû débourser près de 12'000 dollars par mois au total, un compte premium coûtant 9,99 dollars par mois (9,99 francs en Suisse).
Mais les revenus potentiels sont énormes. Avec des chansons de 43 secondes en moyenne (un titre doit durer au moins 30 secondes pour être monétisé), un seul compte pouvait lancer plus de 60'000 écoutes chaque mois.
Multiplié par 1200 comptes, à raison d'une rémunération par Spotify de 0,004 dollars par écoute, cela signifie qu'une seule playlist pouvait rapporter au "curateur" jusqu'à 288'000 dollars par mois.
Sachant que l'individu en avait au moins deux, qu'il aurait sévi pendant quatre mois, et qu'il a encore pu maximiser sa rémunération en prévoyant que les titres changent au bout de 30 secondes de lecture.
Spotify veut mieux détecter ces méthodes
Comme le souligne Music Business Worldwide, l'individu ou le collectif derrière cette combine n'a techniquement pas enfreint la loi puisqu'il était propriétaire des droits des titres. Spotify, qui aurait supprimé les playlists en octobre, a déclaré prendre l'affaire au sérieux.
"Nous continuons d'investir massivement dans l'amélioration (...) des méthodes de détection et de suppression, et de réduire l'impact de cette activité inacceptable sur les créateurs légitimes, les titulaires de droits et nos utilisateurs", a réagi la plateforme de streaming musical auprès de MBW.