Communication, science, économie: comment le web a changé nos vies?
Le 12 mars 1989, Tim Berners-Lee présentait au CERN une "proposition" de protocoles pour créer une page et pour les échanger d'un ordinateur à l'autre.
Trente ans plus tard, le web est omniprésent: dans nos relations humaines, dans notre travail, dans nos achats ou dans nos loisirs. Les émissions de la RTS se penchent mardi sur ce phénomène "parvenu à l'âge de la maturité".
L'historique
L'invention de Tim Berners-Lee
Le web, ce système qui permet sur internet d'accéder à des informations dans le monde entier et de cliquer sur des liens pour accéder à des pages créées à l'autre bout de la planète, a été inventé au CERN en 1989 par un jeune physicien britannique, Tim Berners-Lee.
C'est en effet dans les locaux genevois du CERN que le scientifique britannique présente, le 12 mars 1989, l'esquisse du web à son chef. Ce dernier aurait alors commenté: "vague mais excitant".
Actuellement, environ 4,1 milliards de personnes utilisent internet, soit 54% de la population mondiale. Les taux de pénétration sont très différents selon les régions: environ 80% pour l'Europe, contre seulement 34% pour l'Afrique.
Le CERN a célébré mardi 12 mars cette fabuleuse trouvaille sur la toile, évidemment. Deux heures à retrouver ici:
"Web@30 – 1989-2019 – 30th Anniversary of the World Wide Web"
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Economie
Une véritable révolution
"Le web permet de travailler et de gagner de l'argent de manière indépendante et a donc modifié notre manière de gagner de l'argent, et de le dépenser", relève ainsi Nnenna Nwakanma, de la World Wide Web Foundation, une organisation qui promeut un web ouvert à tous.
"La compétition n'a jamais été aussi forte"
Durant ses 30 ans d'existence, le web a entraîné une évolution d'une telle ampleur, pour l'économie, que l'on peut parler d'une révolution. C'est en tout cas l'avis de Thomas Maillart, professeur à la faculté d'économie et de management de l'Université de Genève.
"C'est une révolution dans le sens où la compétition n'a jamais été aussi forte. Vous avez aujourd'hui des entreprises qui émergent à une vitesse incroyable. Les conglomérats puissants peuvent ainsi être remis en question par des personnes qui viennent de nulle part."
Vie professionnelle
Le web a rendu le travail plus simple, selon les Suisses
Le web a bouleversé le monde professionnel. Pour un tiers des Suisses, le point le plus positif d'internet est la nouvelle manière de travailler. Pour un autre tiers, il permet de trouver plus facilement une offre d'emploi.
Tels sont les résultats du sondage effectué par l'entreprise spécialisée en informatique Cisco, publié mardi à l'occasion des 30 ans du web.
Le web, logique pour les jeunes
Pour 50% des Suisses âgés de plus de 55 ans, le web s'est particulièrement développé dans le monde professionnel. Chez les 16 à 24 ans, seuls 49% perçoivent un essor particulier dans ce domaine.
La jeune génération a grandi dans une société où le web est omniprésent. Il lui est donc plus difficile de percevoir son influence, indique Cisco.
Science
Davantage d'accès
Comme le rappelle CQFD mardi, internet est le support physique du web: ce sont les ordinateurs en réseau. Tandis que le web, c'est le réseau d'informations. Ce système de partage et d'échange d'informations a eu un impact sur la façon de faire la science, que ce soit au niveau de la démarche scientifique, de la coopération, de la formation ou de la science citoyenne par exemple.
"La science en open access"
"Au niveau de la recherche, l'avantage du web est par exemple de pouvoir retrouver très rapidement tout ce qui a déjà été publié précédemment sur tel ou tel sujet. Toute l'industrie est d'ailleurs en train de se transformer vers du open access", relève ainsi François Grey, professeur associé au Centre universitaire dʹinformatique de lʹUniversité de Genève et codirecteur de Citizen Cyberlab.
Le web a également changé l'accès à la connaissance, notamment avec les cours en ligne, ou Mooc (pour Massive Open Online Course). "Ce n'est pas une révolution totale et les universités vont survivre, mais le web a modifié notre manière d'enseigner. On s'éloigne de la théorie, désormais disponible en ligne, pour se recentrer sur la pratique", témoigne le professeur.
Communication
L'importance de la gratuité
Le fait que le CERN ait rendu le web accessible à tous, en rendant gratuitement disponibles les codes sources, a permis son essort.
"Tim Berners-Lee a eu une vision toute simple: utiliser internet, qui existait déjà, pour communiquer, éduquer avec un outil gratuit. C'est ce qui nous permet aujourd'hui de discuter avec nos parents, nos enfants ou même nos petits-enfants", rappelle la journaliste de RTSdécouverte Tania Chytil dans le 12h45.
Le côté sombre du web
Mais les concepteurs le reconnaissent aujourd'hui, le web n'est pas tout à fait devenu ce qu'ils pensaient. "On parle de darknet, de commercialisation à outrance, de fausses nouvelles, de surveillance des citoyens..."
Le concepteur du web explique qu'ils travaillent toujours à améliorer le web pour le rendre constructif et pour permettre aux internautes de garder la mainmise sur leurs données.
Et la suite?
La reprise en main citoyenne
Après trois décennies de développement spectaculaire sous l'influence (et sous l'emprise) des fameux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), les prochaines décennies pourraient être celles de la reprise en main citoyenne.
C'est en tout cas ce à quoi travaillent des organisations comme Internet Sans Frontières, dont Félix Blanc dirige le département de politique publique.
"Dégoogeliser" le web
"Les GAFAM ont imposé un modèle commercial qui repose sur la captation des données personnelles et sur leur revente à des annonceurs", expose-t-il mardi dans Tout un monde.
A la question de savoir si les tentatives de s'affranchir de ce modèle en "dégoogelisant" internet sont réalistes, Félix Blanc répond que oui, "le marché du logiciel libre, qui veut rendre les codes sources accessibles, est en constante expansion."
Mais, nuance-t-il, s'en affranchir demande un certain degré de technicité que n'ont pas tous les internautes: "ça doit passer par l'éducation, pour que les internautes cessent d'être simplement des consommateurs pour en devenir des acteurs. Il faut que les internautes soient formés à l'utilisation des codes sources."
Crédits
Reportages TV: Tania Chytil, Thierry Clémence
Sujets et interviews radio: Jean-Philippe Rutz, Adrien Zerbini, Nadine Haltiner