Les émojis envahissent nos modes de communication depuis vingt ans, avec une palette toujours plus large: il en existe aujourd'hui plus de 3000.
Pour la mise à jour de lundi 28 octobre, la multinationale américaine Apple dit vouloir "célébrer la diversité sous toutes ses formes".
Et avec toute cette palette, le but n'est plus seulement de traduire une émotion: "C'est devenu des hiéroglyphes modernes, car vous pouvez construire des messages entiers, parfois aussi en détournant le sens initial", remarque Gianni Haver, sociologue de l'image à l'Université de Lausanne.
Communication, marketing et lobbying
"Les personnages en chaise roulante pourront être utilisés de différentes manières, y compris exactement dans le sens inverse du politiquement correct qui a probablement encouragé l'arrivée de ces images dans les menus de Apple", continue Gianni Haver.
"L'offre générale est quand même réfléchie dans une forme de communication gentille". L'émoji "pistolet" a d'ailleurs été supprimé, car jugé trop violent.
Reste que l'éventail est toujours plus vaste. Un plus grand nombre de personnes sont ciblées pour des raisons de marketing.
Mais Pierre Halté, spécialiste du domaine, fait aussi une autre analyse: "Certaines catégories de personnes, qui se considèrent comme des minorités, ont besoin ou envie d'être représentées. Elles font donc pression pour que cela se fasse".
Des images représentant des handicaps
Estimant que les nouveaux émoticônes ne sont pas assez inclusifs, Pro Infirmis a lancé sa gamme avec, par exemple, une femme en train de danser, amputée d'une jambe ou une personne en fauteuil roulant face à un escalier semblant infranchissable.
Une volonté d'intégration louable, mais qui peut comporter des risques: "Plus on multiplie les catégories d'émojis, plus on favorise l'émergence de communautés distinctes, et donc éventuellement de tensions entre elles", souligne Pierre Halté.
"Alors que quand on a un petit signe qui fédère un peu tout le monde, parce qu'en fait, il ne ressemble à personne et à tout le monde à la fois, on est plus dans quelque chose où tout le monde peut se retrouver".
Malgré tous ces nouveaux émojis, seuls une quinzaine sont utilisés fréquemment. Pami eux, le clin d'œil, le cœur, le sourire ou le pouce levé.
Sujet radio: Pauline Rappaz
Adaptation web: Stéphanie Jaquet